Après une brève hausse en début de séance, l'action Atos s'est rapidement retournée à la baisse et creuse ses pertes.

A 11h45 elle perd 6,98% à 114,55 euros, accusant une baisse de 5,4% depuis le début de l'année et accusant de loin le plus net repli de l'indice parisien SBF 120, qui baisse de 0,41% au même moment.

Le groupe a fait état d'une croissance organique de 1,7% au premier semestre et d'une marge opérationnelle de 545 millions d'euros représentant 9% de ses ventes.

Le résultat d’exploitation a quant à lui atteint 342 millions, en hausse de 4,4%.

Les analystes de Bank of America Merrill Lynch qualifient ces résultats de mitigés avec notamment un Ebit inférieur de 1% à leurs prévisions.

Ceux d'UBS relèvent pour leur part une croissance de 1,5% au deuxième trimestre qu'ils qualifient de décevante et soulignent des difficultés toujours présentes sur le marché nord-américain.

Ameet Patel, analyste de Northern Trust Capital Markets, parle d'un environnement dégradé, en particulier aux Etats-Unis, trahissant les espoirs d'une amélioration de la trajectoire de croissance organique.

"Annoncer en même temps l'acquisition de Syntel pourrait éloigner l'attention, au mois temporairement (...), mais nous ne demandons pour combien de temps", dit-il.

Les analystes d'Invest Securities parlent de leur côté de résultats "globalement en ligne" avec leurs attentes.

Atos a confirmé ses objectifs pour 2018, à savoir une amélioration de sa marge opérationnelle à 10,5%-11% contre 10,2% en 2017, une croissance organique de 2%-3%, après 2,3% l'an passé, et un flux de trésorerie disponible de l'ordre de 60% de la marge opérationnelle.

LE PRIX POUR SYNTEL JUGÉ CORRECT

Les commentaires sont un peu plus flatteurs concernant l'annonce, dimanche, du rachat de l'américain Syntel, spécialisé dans le traitement de données, pour 3,4 milliards de dollars (2,9 milliards d'euros).

Sept mois après sa tentative avortée de rachat de Gemalto, qui lui a préféré Thales, la SSII présidée par Thierry Breton signe sa plus grosse acquisition depuis celle du pôle informatique de Siemens en 2011.

"Le prix payé n'est pas excessif (...) mais il faut souligner que la dynamique de croissance de Syntel a été chahutée (stabilité en 2016, -4% en 2017), du fait de son exposition aux secteurs de la santé et à quelques grands clients dans le secteur financier ayant réduit leurs investissements", écrivent les analystes d'Invest Securities.

Ils disent prévoir un impact relutif d’environ 7,5% avant synergies et de 23% après synergies de coûts.

"Atos et Syntel sont très complémentaires en termes de portefeuille d'offre, de base de clientèle et d'implantation géographique", juge le PDG d'Atos, Thierry Breton, dans le communiqué accompagnant les résultats.

"On va payer un prix tout à fait juste, en ligne avec notre discipline financière", a déclaré pour sa part le directeur financier, Elie Girard, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.

"Le multiple est de 14,7 fois l'Ebit des 12 derniers mois, c'est légèrement supérieur a celui d'Atos, mais c'est justifié par le taux de croissance de cet actif et son taux de marge d'Ebit de l'ordre de 24%", a-t-il ajouté.

(Patrick Vignal et Pascale Denis, avec Sudip Kar-Gupta, édité par Jean-Michel Bélot)