Le groupe Bastide, bien connu pour son réseau de magasins Bastide Le Confort Médical fondé en 1977 par Guy Bastide, pharmacien, grandit à marche forcée dans les services, désormais majoritaires dans le groupe. Le gain, il y a quelques jours, de concessions en assistance respiratoire au Royaume-Uni conforte sa stratégie d’acquisitions financées par l’endettement. Entretien avec Vincent Bastide, qui a repris le flambeau il y a quelques années.

Vincent Bastide, votre groupe vient de remporter un appel d’offre important au Royaume-Uni dans l’assistance respiratoire. Qu’est-ce-qui a fait la différence ?
"Baywater Healthcare, notre filiale britannique 100% acquise en janvier 2018, était opérateur exclusif de 3 régions sur 11. 8 régions étaient mises en renouvellement par le NHS en ce début 2019 et nous en avons emporté 4 d’entre elles, le maximum possible. La satisfaction et la réactivité sont la principale explication de ce succès, nos efforts en termes de compétitivité ont certainement permis de convaincre le NHS. Nous allons donc maintenant opérer sur 5 régions sur 11, ce qui fera de nous le leader sur le marché britannique de l’oxygénothérapie à domicile, avec près de 47 000 patients traités et 56% de parts de marché, contre moins de 28% précédemment. La durée des concessions est de 7 ans, implicitement extensibles à 10 ans. Nous comptons maintenant nous appuyer sur ce succès pour offrir d’autres prestations de services sur le marché britannique. Il s’agit pour nous d’un succès majeur qui illustre parfaitement notre stratégie de développement qui vise à se concentrer sur des activités de prestations à plus forte valeur ajoutée et à forte récurrence, en France et sur des marchés européens ciblés."

Quel sera l’impact de ces contrats remportés sur les chiffres d’affaires et résultats des prochains exercices ?
"L’impact sera progressif. A taux de change constant, le chiffre d’affaires du groupe au Royaume-Uni, qui s’élèvera à 27-28 M€ au 30 juin 2019, devrait se situer autour des 40 M€ en 2021. L’impact sur nos résultats sera très progressif, faible au début le temps de mettre en œuvre nos gains de productivité jusqu’à atteindre de très bons niveaux de profitabilité en milieu de période de concession."

Votre secteur est très fragmenté et vous participez activement à sa concentration. Ce succès de Baywater modifie-t-il votre capacité et votre envie de poursuivre les acquisitions ?
"Il est clair que cela nous conforte dans notre stratégie, qui se déroule comme nous l’imaginions. Notre capacité d’acquisition est directement liée à l’EBITDA que nous dégageons, puisque nous nous financerons par dette, voire par dette subordonnée, ne souhaitant pas réaliser d’augmentation de capital afin d’éviter toute dilution des actionnaires actuels. Notre pouvons actuellement encore lever au moins 50 M€ sans dilution, étant confortable avec nos objectifs de résultats au 30 juin 2019. Les exercices prochains devraient voir l’EBITDA augmenter, nous redonnant des marges d’acquisition supplémentaires."
 

La répartition des revenus au 1er semestre fiscal (Source Présentation SFAF Mars 2019)

La dette financière nette est élevée, à près de 200 M€, soit plus de trois fois l’EBE du groupe. Qu’est-ce qui vous préserve d’une acquisition de trop ?
"Nous réalisons plutôt de petites acquisitions. Nous en avons réalisé une quarantaine depuis quatre ans, essentiellement dans les services, Baywater étant la plus significative, désormais nous souhaitons nous focaliser sur l’intégration de ces acquisitions. Nous portons également beaucoup d’attention à la phase de diagnostic des cibles. Quand la cible valide les critères, nous proposons un prix dont une partie très significative est liée aux résultats futurs de la cible. Par ailleurs, nous veillons à ce que les hommes clés nous accompagnent dans le projet après la reprise."