Après un exercice 2018/19 "de transition", le leader mondial du nautisme planche sur un nouveau plan stratégique de moyen terme, qui sera annoncé fin avril. Objectif principal : redresser la rentabilité. Jérôme de Metz, à la barre du Groupe depuis juin, nous présente ici les premières orientations qu’il souhaite prendre.

Jérôme de Metz, quel fut votre parcours avant d’être nommé PDG du groupe en juin dernier ?

"J’ai eu une carrière atypique, mêlant finance et entrepreneuriat, avec des engagements tant auprès des starts up que des grands groupes, tous secteurs confondus, en France comme à l’international. Ma plus longue expérience fut la fondation de MBO Partenaires, société de capital investissement que j’ai dirigée de 2002 à 2015 et dont j’ai quitté la présidence en 2018, avant de rejoindre le Groupe Beneteau début 2019. Je connais les dirigeants du Groupe depuis de nombreuses années et j’ai bien volontiers accepté fin 2018 de devenir administrateur. J’étais alors loin d’imaginer que l’on me confierait par la suite la direction générale du Groupe. Quoiqu’ayant déjà une vie professionnelle et personnelle riche que j’ai donc dû mettre de côté, j’ai accepté cette mission, à 60 ans, pour deux raisons. D’une part car après avoir effectué entre juillet 2018 et juin 2019 un tour complet de l’entreprise et de ses parties prenantes, j’ai perçu un potentiel d’amélioration de la profitabilité du groupe en faisant évoluer son organisation. D’autre part car j’ai rencontré des talents de haut niveau qui travaillaient jusqu’ici de façon autonome pour des marques alors qu’en les faisant jouer collectivement pour le groupe, j’étais convaincu que l’on renforcerait considérablement sa force. Rencontrer des talents, les faire jouer en équipe, c’est ce qui m’a toujours motivé."

La voile monte en puissance dans le mix-produit (Source présentation Beneteau)

Quelle mission vous a donné la famille fondatrice ?

"Revenir aux fondamentaux du groupe et améliorer son efficacité et sa rentabilité. En le rationalisant, en le décomplexifiant. Les derniers résultats annuels de l’exercice clos à fin août n’ont rien de catastrophiques, avec une structure financière saine et près de 160 M€ d’Ebitda, mais ne sont clairement pas satisfaisants, ce qui a d’ailleurs provoqué une sanction boursière sévère. Il s’agit donc dans un premier temps de reconstituer les conditions d’un développement rentable, en s’appuyant sur une situation financière plus solide et une organisation plus légère, moins complexe. Ce sont les objectifs qui m’ont été fixés."

Le groupe dépassait largement les 10% de marge opérationnelle avant la crise de 2007. Ces niveaux appartiennent-ils désormais au passé ?

"Je ne pense pas que l’on puisse retrouver un jour des marges opérationnelles de 13-14% car cela impliquerait une marge d’Ebitda proche de 20% compte tenu des lourds investissements consentis ces dernières années. Il y a des facteurs exogènes qui ont évolué par rapport au début des années 2000. Le marché impose aujourd’hui des renouvellements de gammes plus fréquents. Là où les produits avaient une durée de vie de 7 à 10 ans, nous sommes plutôt passés à 4-6 ans. Je pense que de 6% de marge opérationnelle sur l’exercice précédent, nous pouvons revenir assez rapidement sur 8-9% en améliorant l’organisation du groupe, en redressant les foyers de sous-performance et en allégeant certains coûts indirects qui ont connu une forte inflation depuis 10 ans : frais de siège, de marketing, coûts indirects de production…".

Une position de leader (Source présentation Beneteau)

Le plan stratégique du groupe sera annoncé le 29 avril prochain. Quelles en seront les grandes lignes ?

"Nous sommes en train de regrouper la production par type de produits et non par type de marques selon l’héritage historique. C’est ce que nous sommes en train de faire en Italie par exemple, où notre site de production sera spécialisé sur les grosses unités premium, à travers différentes marques. Cette meilleure utilisation de nos actifs industriels et de nos savoir-faire se traduira par davantage de création de valeur en dégageant des synergies industrielles au niveau du groupe dans son ensemble. Les coûts indirects et les investissements sont actuellement revus usine par usine, service par services, afin de présenter le 4 février les perspectives de l’année. Cela se fera sans fermeture de site ni plan social. Nous allons également faire un point sur le portefeuille de 12 marques bateaux du groupe, que nous allons gérer activement. En privilégiant la cohérence de ce portefeuille à l’échelle du groupe, nous piloterons plus finement notre plan produit et les investissements liés aux lancements de nouveaux modèles. Quant à la division Habitat de loisirs, elle a sa place dans le groupe, ses fondamentaux sont solides et elle offre une bonne diversification. Les synergies étant faibles avec la division Bateau, elle a vocation à devenir plus autonome. Un plan stratégique ambitieux est en préparation et sera présenté lors de la journée investisseurs du 29 avril prochain, jour de la publication de nos résultats semestriels."