BAGDAD, ABOU DHABI, 13 août (Reuters) - Les djihadistes de l'Etat islamique, qui se sont emparés de cinq gisements pétroliers et de la plus grande digue d'Irak, ont également mis la main sur une arme de choix : le blé.

Ils tiennent de vastes secteurs des cinq provinces les plus fertiles du pays d'où proviennent 40% du blé produit à l'échelle nationale, selon les Nations unies.

Les extrémistes sunnites piochent en outre dans les réserves des pouvoirs publics pour faire leur propre farine et l'écouler localement, selon un membre de l'administration irakienne interrogé par Reuters. Ils ont même proposé d'en revendre au gouvernement pour financer leur offensive.

Dans les chancelleries étrangères, on trace un parallèle inquiétant avec les années 90, lorsque les sanctions occidentales infligées au régime de Saddam Hussein ont conduit à des pénuries alimentaires.

"Il s'agit de la pire situation depuis les sanctions en ce qui concerne l'insécurité alimentaire et les choses s'aggravent", déplore Fadel el Zoubi, représentant local de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Si aucune pénurie ne semble imminente, l'avenir est très incertain.

Selon le ministère irakien du Commerce, 1,1 million de tonnes de blé achetées aux producteurs ont été ensilées dans les cinq provinces, ce qui représente 20% de la consommation nationale annuelle. Le département américain de l'Agriculture évalue cette consommation annuelle, qui dépend pour moitié des importations, à 6,5 millions de tonnes.

On ignore qu'elle quantité de blé est précisément tombée aux mains de l'Etat islamique, dans la mesure où les autorités contrôlent encore certains secteurs des provinces productrices mais, à Bagdad, on ne nie pas l'ampleur du problème. Selon une source proche du ministère irakien de l'Agriculture, près du tiers de la production agricole est menacée. (Maggie Fick et Maha el Dahan, Jean-Philippe Lefief pour le service français)