Le président français a souhaité que ce cadre ou guide de bonnes pratiques devienne un standard et a pressé les banques françaises de l'appliquer dans leurs activités de gestion d'actifs.

Les fonds d'Abou Dhabi, d'Arabie Saoudite, du Koweït, de Norvège, de Nouvelle-Zélande et du Qatar expliquent qu'il s'agit avant tout de protéger l'intérêt à long terme des populations au nom desquelles ils gèrent quelque 3.000 milliards de dollars.

Ce cadre peut également "contribuer à infléchir la trajectoire de l'économie mondiale vers une croissance soutenable à long terme et éviter des risques catastrophiques pour la planète", écrivent-ils dans le document présenté vendredi.

L'engagement sur le dérèglement climatique fait sens du point de vue économique et commercial, a insisté le dirigeant du fonds souverain d'Arabie Saoudite, Yasir Al Rumayyan.

"Si ça fait sens du point de vue commercial, ce sera soutenable et si c'est soutenable, ça va marcher", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec Emmanuel Macron et la Première ministre de Norvège, Erna Solberg, à l'Elysée.

"Si vous commencez par de la régulation et des politiques publiques - avant que ça fasse sens du point de vue commercial - ça ne marchera jamais", a-t-il ajouté.

A l'Elysée, on explique que l'influence de ces fonds est telle qu'"on espère un effet ricochet qui va se diffuser dans tout le système financier international".

D'autres fonds souverains, des gestionnaires d'actifs et des fonds de pension sont intéressés par cette démarche, a précisé Lawrence Yanovitch, qui coordonne le groupe de travail fonds souverains du One Planet Summit organisé en France en décembre, dont est issue cette initiative.

MACRON PRESSE LES BANQUES FRANÇAISES

Emmanuel Macron, qui s'est fait le champion de la défense de l'Accord de Paris sur le climat depuis l'annonce du retrait des Etats-Unis par Donald Trump, a promis de peser en ce sens.

"Si nous savons bien procéder - et nous y mettrons notre force et notre entrain - il faut faire de ce document le standard et réussir à avoir une stratégie de 'name and shame', qui pousse à valoriser les asset managers qui rejoindront cette stratégie et à un peu stigmatiser ceux qui refusent", a-t-il dit.

"Nous avons à cet égard en France plusieurs asset managers, dont les banques sont actionnaires, et dont je souhaite qu’ils puissent se joindre à cette initiative, et nous allons les encourager, et nous ferons pareil au niveau européen comme avec les asset managers de tous les continents", a-t-il ajouté.

Le document souligne que les risques liés au changement climatique seront plus importants "si les objectifs de l'Accord de Paris ne sont pas atteints", à savoir une hausse des températures inférieure à 2 degrés par rapport à la période préindustrielle.

Ces fonds "encouragent les entreprises à répondre aux questions liées au dérèglement climatique dans leur gouvernance, leur stratégie, leur gestion des risques et leur communication" et les invitent à communiquer de façon transparente sur ce sujet, en utilisant des indicateurs standardisés.

Pour ces fonds, constitués pour la plupart grâce aux revenus liés aux énergies fossiles, il s'agit de protéger leur future rentabilité, en appréciant mieux les risques et en profitant davantage des opportunités, expliquent-ils.

Pour ce faire, "les fonds souverains devraient envisager d'accélérer leurs investissements dans des entreprises disposant de technologies propres", lit-on dans le document.

Un nouveau point d'étape sur les engagements du One Planet Summit sera fait le 26 septembre à New York.

(Jean-Baptiste Vey, avec Michel Rose, édité par Simon Carraud)