L'action SocGen perd plus de 4% après deux heures de cotation, la pire performance de la séance au sein du CAC 40 mais aussi de l'indice sectoriel européen, alors que Natixis, la banque d'affaires du mutualiste BPCE qui a publié ses résultats mardi soir, s'adjuge la deuxième position de l'indice bancaire avec un bond de 2%.

"Les résultats de Sociéte générale étaient d'une qualité un peu moindre que les autres établissements français du fait de la moindre résilience des activités de banque de financement et d’investissement", commente Benoît de Broissia, gérant à Keren Finance.

Alors que BNP Paribas et Natixis ont vu les revenus liés aux produits actions et dérivés bondir de 25% et de 33% respectivement, la banque au logo rouge et noir était en recul de 3,3%.

"Ils font mieux que nous, point barre", a admis sur ce point précis et sans détour le directeur général délégué du groupe lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Didier Valet a néanmoins estimé que sur l'année, Société générale était très bien positionnée pour profiter du rebond de volatilité attendu au second semestre.

SocGen a aussi fait mieux que BNP dans les activités de taux, crédit, changes et matières premières avec une baisse de 6,8% contre un recul de 15,9% pour sa grande rivale.

"RESULTATS MITIGES"

Au total, la division activités de marché et services aux investisseurs, qui comprend aussi de la gestion d'actifs ou des métiers de conseil, dégage une contribution au résultat net de 499 millions d'euros, en hausse de 11,4%.

"Les résultats sont mitigés avec de bonnes performances sur les activités de banque de détail compensées par des performances plus tièdes en banque d'affaires et d'investissement", résume dans une note diffusée avant l'ouverture du marché le courtier Jefferies.

La direction de la banque a ainsi mis en avant la division Banque de détail et services financiers internationaux.

Les profits de ce pôle, où sont logées notamment des banques en Europe de l'Est et en Afrique mais aussi des activités d'assurances et la filiale cotée de gestion de flottes automobiles ALD, ont progressé de 30,3% à 568 millions d'euros.

Cet ensemble d'activités constitue une source de diversification et de profits important alors que la banque de détail en France souffre de la persistance de taux d'intérêt historiquement bas, enregistrant pour le trimestre des résultats en baisse de 10,9% à 359 millions d'euros.

Au niveau du groupe, les revenus ont été plombés par le règlement à l'amiable de son litige avec le fonds souverain libyen (LIA) et par une base de comparaison défavorable avec l'année dernière, du fait de la plus-value exceptionnelle liée à la vente de ses titres Visa.

Les revenus de la banque sur les trois mois à fin juin accusent un repli de 25,6% à 5,199 milliards d'euros, en deçà du consensus Reuters/Inquiry Financial qui s'établissait à 5,387 milliards.

TOURNER LA PAGE

Retraités des éléments exceptionnels, "le groupe Société générale réalise une bonne performance sur l'ensemble de ses métiers", estime en revanche la banque, se félicitant notamment de la progression de 11% du résultat sous-jacent, qui atteint 1,165 milliard d'euros.

Les résultats du premier trimestre avaient déjà été éclipsés par l'annonce de l'accord avec la Libyan Investment Authority (LIA) pour mettre fin à des litiges concernant des transactions financières datant de 2007-2009.

Société générale, qui doit encore solder son contentieux avec les autorités américaines sur des violations d'embargo, a passé une dotation additionnelle de 300 millions d'euros, qui porte le montant total de sa provision pour litiges à 1,9 milliard d'euros.

"Nous voulons tourner la page", des contentieux du passé, a déclaré le directeur général Frédéric Oudéa, qui a dû faire face au scandale des "Panama papers" l'année dernière et continuer à gérer, près de dix ans après, les retombées médiatiques liées à son ancien trader Jérôme Kerviel ou à d'autres scandales datant de l'époque de la crise financière.

Le patron de la banque a dit vouloir profiter de l'amélioration de la conjoncture économique pour aller de l'avant et préparer le plan stratégique qui sera présenté fin novembre, après la mise en place d'une nouvelle organisation de la gouvernance opérationnelle.

(Avec Sudip Kar-Gupta, édité par Dominique Rodriguez)

par Julien Ponthus et Maya Nikolaeva

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas, Natixis, Société Générale, Visa