Au coeur de toutes les attentions des investisseurs, la marque florentine, principal centre de profit de Kering, décélère après deux ans d'une croissance exceptionnelle de 45% en 2017 et 37% en 2018.

Ses ventes à taux de change et périmètre constants ont progressé de 12,7% au deuxième trimestre (après une hausse de 20% en début d'année), au lieu des 14%-15% attendus par les analystes.

Dans le même temps, Louis Vuitton ou Dior, détenus par LVMH, ont fait mieux que prévu et vu leurs ventes décoller au cours du dernier trimestre, tandis que Burberry, Moncler et Hermès ont eux aussi accéléré le pas.

"Ce n'est pas une bonne surprise pour Gucci et cela risque de nourrir les inquiétudes sur l'amplitude de la normalisation à attendre au deuxième semestre", note Thomas Chauvet, analyste de Citi, dans une note.

La marque italienne a été pénalisée par une baisse de ses ventes aux Etats-Unis (-2%), où le marché pâtit, selon le groupe, des tensions commerciales sino-américaines et de la chute du tourisme asiatique.

Sa communication a aussi été moins offensive, "le retour sur investissement risquant d'être faible compte tenu du contexte", a indiqué Jean-Marc Duplaix, directeur financier du groupe.

Gucci a été victime d'une campagne hostile sur les réseaux sociaux outre-Atlantique, après l'affaire dite du "blackface", un col roulé noir perçu comme une représentation raciste du visage des Noirs.

LEVIER OPÉRATIONNEL

La griffe a toutefois apporté à Kering un très puissant levier. Son résultat opérationnel courant a grimpé de 26,7% à 1,89 milliard d'euros et sa marge de 220 points pour atteindre un record de 40,6%.

La marque, qui vient de se lancer dans la haute joaillerie, après le maquillage et la décoration, dispose encore, selon le groupe, de solides atouts et sa rentabilité peut encore progresser au 2e semestre, "même si une partie du levier opérationnel sera réinvestie".

Fort de cette performance, le résultat opérationnel courant de Kering a bondi de 25,3% à 2,25 milliards d'euros et sa marge prend 160 points à 29,5% (contre 27,5%), sur un chiffre d'affaires de 7,64 milliards, en croissance organique de 15,3%, dont 13,2% sur le seul deuxième trimestre (+17,5% en début d'année).

Saint Laurent, poursuivant ses ouvertures de magasins, a encore engrangé une progression de ses ventes de 15,8% après une hausse de plus de 20% pendant sept années d'affilée, tandis que le pôle "autres marques" a vu sa croissance atteindre 19,2% tiré par Balenciaga, nouvelle pépite du groupe, qui devrait franchir le milliard d'euros cette année.

Le résultat net du groupe, pénalisé notamment par une charge fiscale liée au règlement d'un litige avec le fisc italien, a chuté de 75% à 579,7 millions.

Kering s'est vu infliger une amende record de 1,25 milliard d'euros par les autorités italiennes dans le cadre d'un accord à l'amiable mettant fin à un long contentieux d'évasion fiscale visant Gucci. [L5N22L83A]

Hors éléments exceptionnels, le résultat net grimpe de 25% à 1,56 milliard.

(Pascale Denis, édité par Eric Faye)

par Pascale Denis et Sarah White