Alors que la saison des résultats trimestriels vient de débuter des deux côtés de l’Atlantique, les places financières évoluent à leur plus haut annuel, rassurées par la poursuite des politiques monétaires accommodantes des banques centrales et la perspective d’un accord imminent entre la Chine et les Etats-Unis sur la question du commerce. L’appétit pour le risque reste donc intact, d’autant plus avec des récentes statistiques légèrement meilleures que prévu, qui réduisent les craintes concernant le ralentissement économique mondial.

Au niveau de la macroéconomie, les doutes se dissipent provisoirement, malgré les récentes révisions baissières des perspectives de croissance mondiale par le FMI, la Fed et la BCE. En Chine, la croissance a rassuré (PIB en hausse de 6.4%), la production industrielle accélère à +8.5% en mars, sa plus forte progression depuis mi 2014 et les ventes au détail progressent de 8.7%, tout comme l’investissement immobilier qui bondit de 12%, son rythme le plus fort en 8 mois.
Aux Etats-Unis, le marché du travail reste solide (taux de chômage à 3.8% avec 196K créations de postes), l’inflation est maîtrisée et la croissance soutenue (+2.2% contre 2.6% précédemment). La Fed a néanmoins amorcé un nouveau virage de sa politique monétaire en annonçant qu’elle ne prévoyait plus qu’une hausse de taux d’ici 2021, compte tenu du ralentissement économique mondial et des incertitudes liées aux tensions commerciales. Elle devrait par ailleurs arrêter la réduction de son bilan en septembre prochain.
En Europe, les données sont mitigées, et principalement en Allemagne où les prévisions de croissance sont régulièrement révisées à la baisse. Cela reste un facteur d’inquiétudes pour la BCE, laquelle ne devrait pas non plus relever ses taux cette année, prévoyant aussi une nouvelle série de TLTRO.

Après un premier trimestre focalisé sur les politiques monétaires, les opérateurs devraient de nouveau focaliser leur attention sur la microéconomie, avec la saison des trimestriels. Outre les chiffres, les perspectives seront particulièrement importantes, après un cru 2018 exceptionnel qui a mis en évidence une progression de plus de 20% des bénéfices des sociétés du S&P500. Les analystes anticipent une hausse de seulement 4.1% des bénéfices sur 2019, mais les profits sont attendus en baisse de plus de 3% pour le T1, avec notamment la dissipation de l’effet des mesures budgétaires et fiscales. Pour le moment, à peine 15% des sociétés du S&P500 ont publié mais plus de 80% d’entre elles ont dépassé les attentes (contre seulement 70% au T1 des 3 dernières années). Ces publications pourraient donc surprendre agréablement, d’autant que le consensus s’avère assez pessimiste.

L’heure reste néanmoins à la prudence après la récente progression des indices. Les éléments de soutien (et notamment la résolution imminente du conflit commercial sino-américain) sont probablement d’ores et déjà intégrés dans les cours. Des prises de bénéfices pourraient ainsi rapidement intervenir, faute de nouveaux catalyseurs très positifs.

Graphiquement, l’indice parisien demeure en phase de rattrapage depuis ses points bas de fin décembre. La reprise s’avère dynamique, l’indice revenant d’ores et déjà sur ses plus hauts de 2018 (+18% depuis le 1er janvier). La tendance reste donc haussière au-dessus des 5100 points, niveau correspondant à la moyenne mobile à 20 semaines. A plus court terme, l’indice devrait se heurter à la résistance majeure des 5615/5640 points. Son franchissement libèrerait un nouveau potentiel d’appréciation en direction des 5750 points, niveau inégalé depuis fin 2007. En cas d’échec, on pourra au contraire s’attendre à des prises de bénéfices légitimes qui devraient rapidement ramener l’indice vers les 5425/5350 points.