A l’approche de la fin d’année, traditionnellement propice aux habillages de bilan et « au rallye de Noël », les places financières font preuve de nervosité, rattrapées par les craintes d’un ralentissement économique mondial, les incertitudes politiques européennes (Brexit, situation budgétaire italienne) et les tensions commerciales persistantes entre la Chine et les Etats-Unis. Malgré un soutien persistant des banques centrales, les perspectives économiques se dégradent et les opérateurs réduisent leur exposition sur la plupart des actifs risqués. La pression vendeuse reste forte et les rebonds des indices de très courte durée.

Au niveau de la microéconomie, les dernières données semblent peu réjouissantes. En Chine, les chiffres ont particulièrement déçu, avec une production industrielle en hausse de seulement 5.4% et des ventes au détail qui progressent de 8.1% (la plus faible croissance en 15 ans). En zone euro, la croissance du secteur privé a atteint son plus bas niveau en 4 ans (indice PMI services à 51.4 contre 53.4 le mois précédent) et le moral des investisseurs au plus bas, comme en témoigne également la révision à la baisse, par la BCE, des prévisions de croissance pour 2019 (+1.7%). La banque centrale européenne a, par ailleurs, annoncé la fin de son programme de rachats d’actifs en décembre, mais les taux devraient rester stables au moins jusqu’à l’été prochain, l’économie ayant toujours besoin de stimulus monétaire.

Aux Etats-Unis, les indices d’activités montrent aussi des signes de ralentissement, la production industrielle stagne, les créations d’emplois sont inférieures aux attentes (155K contre 198K) et les commandes industrielles baissent de 2.1%. La croissance demeure néanmoins robuste, avec un PIB à 3.5% et un taux de chômage à 3.7%. Elément nouveau, les opérateurs s’inquiètent de l’aplatissement de la courbe des taux, avec un spread qui se réduit sensiblement entre le 2 ans et le 10 ans, du jamais vu sur la dernière décennie. Historiquement, une inversion de cette courbe a souvent précédé une récession. C'est en tout cas un indicateur de prudence pour les investisseurs. Cet élément pourrait modifier la trajectoire de la Fed l’année prochaine, bon nombre d’analystes anticipant d’ores et déjà une décélération du rythme de remontée des taux.

La prudence reste donc de mise sur les marchés d’autant que les opérateurs gardent aussi les yeux rivés sur l’évolution des tensions commerciales entre Washington et Pékin. Les négociations ont repris dans le bon sens, avec un premier geste chinois concernant la suspension des taxes sur les automobiles américaines. Les deux camps ont désormais jusqu’au 1er mars 2019 pour trouver un accord et d’ici là, l’évolution des tractations pourraient être source de volatilité pour les indices.

Graphiquement, l’indice parisien se maintient à quelques encablures de ses plus bas annuels, faisant preuve de volatilité comme les autres places financières. Malgré la belle performance de certains titres à caractère défensif (Safran +27%, Dassault +16% ou Pernod Ricard et Sanofi+13%), le CAC40 s’inscrit en baisse de près de 10% depuis le 1er janvier, lesté notamment par le compartiment automobile et les technologiques (Valéo -60%, Atos -43%, STM -34%, Renault -33%...). En données hebdomadaires, la dynamique restera dégradée tant que l’indice demeure sous les 5100 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 20 semaines. A plus court terme, le CAC40 revient tutoyer la zone charnière des 4750 points. Ce niveau constitue l’ultime rempart avant une nouvelle accélération baissière en direction des 4640 points puis 4560 points. Un retour sur ces niveaux permettrait toutefois de revenir à l’achat à moindre risque.