Au cours des trois premiers mois de l'année, le véhicule coté du groupe Crédit agricole a vu sa contribution au fonds de résolution unique (FRU), mécanisme créé après la crise financière pour constituer des réserves en cas de faillite bancaire, croître de 41 millions d'euros par rapport à la même période de l'an dernier.

Combinée à une contraction des revenus, cette hausse des charges a pesé sur le résultat brut d'exploitation, en repli de près de 6% sur le premier trimestre à 1.419 millions d'euros.

D'après le consensus Infront Data pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne un résultat brut d'exploitation à 1.566 millions d'euros.

En Bourse de Paris, l'action Crédit agricole SA cède 2,95% à 11,03 euros à 10h20, signant l'une des plus fortes baisses de l'indice CAC 40 (-0,52%).

Depuis le début de l'année, le titre a toutefois gagné plus de 16% et continue de surperformer l'indice bancaire européen (+4,40%).

Les analystes de Jefferies soulignent dans une note de recherche que le résultat brut d'exploitation est inférieur aux anticipations des analystes, tout en relevant que la baisse du coût du risque a dépassé les attentes.

Sur le premier trimestre, le coût du risque de Crédit agricole SA, qui mesure le niveau de provisionnement constitué pour faire face à la dégradation de la qualité du crédit, a reculé de 28,4%.

"Aujourd'hui, on ne voit pas de signe de détérioration", a déclaré, lors d'une conférence de presse, Jérôme Grivet, directeur général adjoint en charge des finances de la banque, à propos du coût du risque.

PRIORITÉ À LA CROISSANCE ORGANIQUE

Au final, le bénéfice net de la banque a baissé de près de 11% au premier trimestre, à 763 millions d'euros, et ses revenus ont reculé de 1,1%.

Dans la banque de détail comme dans la banque de financement et d'investissement (BFI), les revenus sont globalement stables, à +0,3% chez LCL et +0,6% dans la BFI.

"Le pôle Grandes clientèles (BFI-NDLR) a évolué ce trimestre dans un environnement plus favorable que le premier ou quatrième trimestre 2018, marqué par une reprise d'activité sur les marchés, notamment en émissions de dettes", note l'établissement bancaire. "La banque d'investissement a en revanche souffert d'un marché atone."

A la différence d'autres banques européennes, le Crédit agricole a toutefois réaffirmé ne pas avoir besoin de restructurer ses activités de marché.

"Comme toutes les BFI, dans un environnement qui est très difficile, il va falloir continuer à diminuer les coûts mais nous le ferons, comme nous l'avons toujours fait, à notre rythme, patiemment, sans grand plan de restructuration à la différence de ce que font un certain nombre de nos partenaires", a dit Xavier Musca, directeur général délégué du Crédit agricole SA.

Alors qu'on prête au néerlandais ING et à l'italien UniCredit des visées sur Commerzbank après l'échec des discussions sur un rapprochement avec Deutsche Bank, le Crédit agricole a redit vouloir privilégier la croissance organique.

"Les consolidations (transfrontalières) sont très compliquées. S'il y en a, elles seront en nombre limité", a déclaré Philippe Brassac, le directeur général de Crédit agricole SA. "La consolidation s'opère mais elle s'opère par les métiers."

Dans les activités de banque dépositaire et d'administration de fonds, la banque a ainsi lancé une offre sur le néerlandais Kas Bank et noué un partenariat avec l'espagnol Santander.

La banque présentera un nouveau plan stratégique le 6 juin prochain.

(Edité par Bertrand Boucey)

par Matthieu Protard et Inti Landauro