Le ralentissement de l'économie chinoise va-t-il mettre un terme à l'âge d'or des valeurs du luxe en bourse ? Tous les bureaux d'analyses de la planète ont consacré des papiers à cette thématique dès le début de l'année dernière, une littérature qui s'est faite encore plus abondante au début de l'automne, lorsque le secteur a connu une sévère correction par rapport à ses meilleurs niveaux. Mais si les porte-étendards de la spécialité évoluent en-deçà de leurs pics historiques, ils ne se sont pas moins tirés avec les honneurs d'un millésime 2018 très difficile. Pour prendre l'exemple de LVMH, l'action a gagné 7,3% l'année dernière, contre une baisse à deux chiffres pour le CAC40. Comme les performances passées ne préjugent pas des performances futures, il est nécessaire de faire régulièrement le point sur le contexte sectoriel. Ce matin, c'est Berenberg qui s'y colle.
 
"Comme nous entrons dans une fin de cycle, il y a sans équivoque davantage de risques à la baisse qu'à la hausse pour la croissance organique des actions du secteur du luxe", explique l'équipe de Berenberg, emmenée par Mariana Horn. Et même si les multiples de valorisation sont sur des niveaux plus raisonnables, à 20 fois les résultats attendus à 12 mois, contre 30 fois lors des pics de 2018 (et 19 fois pour la moyenne sur 20 ans), ils ne devraient pas s'accroître, laissant peu de potentiel. Pour autant, il reste une thématique porteuse, les grands acteurs diversifiés et leur force de frappe financière, qui pourraient continuer à susciter l'engouement des investisseurs. Les fusions et acquisitions sont d'ailleurs la thématique majeure de l'année 2019, estime Berenberg (nous pensons aussi que cela sera le cas).
 
Le thème du redressement des acteurs secondaires abandonné
 
Par conséquent, la banque allemande tire le frein à main sur les valeurs qui l'intéressaient jusque-là pour leur potentiel de montée en puissance, désormais trop richement valorisées. Burberry (opinion abaissée d'acheter à conserver, objectif réduit de 2 270 à 1 920 GBp), Prada (opinion abaissée d'acheter à conserver, objectif réduit de 36 à 26 HKD) et Tod's (opinion abaissée de conserver à vendre, objectif réduit de 51 à 36 EUR) en font les frais. Les objectifs ont été légèrement réduits sur Brunello Cucinelli (achat), Hugo Boss (achat), Moncler (achat) et Compagnie Financière Richemont (conserver), et plus fortement sur The Swatch Group (conserver, objectif de 478 à 300 CHF) et Pandora (conserver, objectif de 432 à 318 DKK). Deux exceptions : Salvatore Ferragamo, pour lequel rien ne change (conserver, objectif 18 EUR) et Hermès (conserver) dont l'objectif monte de 468 à 495 EUR ("un bon endroit pour se cacher en 2019", selon l'analyste, qui a intégré, notamment un taux d'imposition plus faible).
 
Restent LVMH (acheter, objectif révisé de 344 à 333 EUR) et Kering (acheter, objectif révisé de 568 à 555 EUR). Les deux Françaises sont les valeurs préférées de Berenberg dans le contexte actuel. Le bureau d'études pense que la thématique des acquisitions va faire son retour et estime que Bernard Arnault a 25 milliards d'euros de force de frappe, tandis que François-Henri Pinault peut prétendre à 10 milliards d'euros. A défaut d'acquisitions, ces mannes pourraient servir à rémunérer les actionnaires. Quant aux cibles, Berenberg n'est pas très bavard. Dans la note sur Ferragamo, l'analyste estime que la griffe italienne est en première ligne malgré les 65% détenus par la famille fondatrice, car elle a échoué à plusieurs reprises à faire monter la marque en puissance et pourrait chercher des alternatives. Salvatore Ferragamo pèse 3 milliards d'euros en bourse, pour un chiffre d'affaires 2017 de 1,39 milliard d'euros et 119 millions d'euros de bénéfice net. L'hypothèse d'un rachat est aussi évoquée pour Tod's et Compagnie Financière Richemont, mais sans plus de détails dans les notes consacrées à ces deux titres. En octobre, nous avions listé les principaux dossiers cotés actuels (les montants de capitalisation ne sont plus à jour) : 
 
 
Pour terminer, retour sur quelques temps forts pour l'industrie en 2019, identifiés par Berenberg :
 
  • Les résultats du T4 2018, qui permettront de jauger du ralentissement chinois.
  • L'effet et la poursuite ou non du mouvement des gilets jaunes en France.
  • La journée investisseurs de Kering durant l'été.
  • L'accueil en magasins de la première collection de Riccardo Tisci chez Burberry.
  • L'annonce du nouveau CEO de Pandora.