Géré par deux frères de 47 et 36 ans devenus il y a peu les seuls actionnaires familiaux avec les trois quarts du capital, Capelli marque le pas sur le semestre après avoir affiché une croissance annuelle moyenne de 28% depuis l’exercice 2013/14. Il annonce tout de même une croissance de l'ordre 30% pour l’exercice. Les résultats à venir début décembre devraient refléter cet effet de saisonnalité et les efforts de structuration mis en place pour passer d’une PME à une ETI. Avec pour horizon le Top 8 de promoteurs en 2025. Entretien.

Christophe Capelli, qu’est-ce-qui fait la spécificité de votre groupe de promotion immobilière ?

"Notre ADN familial. Mon père, qui a créé l’entreprise en 1976, nous a tout appris avant de nous laisser la direction en 2005. Cette période coïncidait avec notre cotation au Marché Libre puis sur l’Euronext C. En 2008, nous avons décidé de faire évoluer notre modèle de lotisseur à promoteur. La raréfaction des terrains et les problématiques d’étalement urbain nous ont poussé à nous rapprocher progressivement des villes, avec une diversification croissante des produits puis des zones géographiques en allant à l’international à partir de 2013. Le tout afin de continuer de développer notre affaire tout en répartissant les risques inhérents aux cycles de l’immobilier. Aujourd’hui, notre offre de logements est diversifiée (petits et grands collectifs, Villa Duplex, locaux commerciaux et tertiaires, résidences étudiants et séniors, réhabilitation…), située en Île de France, Auvergne Rhône-Alpes, Hauts de France, Nouvelle Aquitaine, Provence Alpes Côte d’Azur ainsi que sur le Grand Genève et le Luxembourg.  A travers nos 7 agences, nous nous adressons à des propriétaires occupants, investisseurs particuliers ou institutionnels et bailleurs sociaux. Voilà comment, partis du métier de lotisseur, avec la culture du développement et du terrain exacerbée que cela nous a forgé, nous avons monté des projets immobiliers de plus en plus conséquents et diversifiés. Nous nous complétons très bien avec mon frère : développeurs tous les deux, il est plutôt organisateur, et moi financier."

Source : société

Votre groupe a engagé depuis 2018 une structuration plus conforme à sa volonté de devenir une ETI, avec un plan de développement ambitieux à horizon 2025…

"Afin de poursuivre notre croissance rentable et maîtrisée, il était apparu nécessaire de renforcer notre structuration. Après avoir fait réaliser un audit par EY, nous sommes entrés depuis un peu plus d’un an dans une phase d’investissement humain et informatique. En moins de deux ans, nous avons recruté une quinzaine de cadres en provenance de grands groupes comme Bouygues ou Google. Nous avons par exemple créé un poste de directeur général logement pour la France et un poste de Responsable des Services informatiques. Un plan de rachat d’actions visant à intéresser 30 de nos 180 collaborateurs est dans les tuyaux. En plus du renforcement de notre organisation humaine, notre soin accordé aux clients est prioritaire. Le développement avait pris un peu trop de place ces dernières années. La relation client, le respect des délais doivent reprendre le dessus dans la nouvelle organisation. Cela passe par exemple par la mise en place d’un nouveau logiciel qui réduira de façon très significative le délai de réitération des ventes. Pour ce qui est du timing de la réorganisation, l’essentiel sera achevé au 31 décembre 2019, mais les ajustements seront continus afin d’accompagner la croissance. Au fond, il s’agit pour le groupe de se mettre en conformité avec les bonnes pratiques des grands groupes, tout en conservant notre ADN familial. Un beau challenge."

 Source : société

Pouvez-vous nous préciser vos objectifs de croissance et de profitabilité de Cap 2025 ? 

"Nous avons annoncé viser le Top 8 des promoteurs immobiliers en 2025. Cela implique l’atteinte d’un CA de 800 M€ à 1Md€. Nos 3 leviers seront la diversification géographique en France et en Europe, la diversification produits, intégrant de l’innovation comme nous l’avons fait dans le passé, et enfin la diversification clients avec la montée des ventes en blocs. Pour ce qui est de la profitabilité, les effets d’échelle doivent nous permettre de maintenir un niveau de profitabilité autour de 9% d’Ebitda malgré l’impact des ventes en blocs sur la marge brute. Ces dernières devraient toutefois nous aider à contrôler notre BFR."

Après avoir enchaîné 14 semestres de croissance, vous venez de publier une activité semestrielle stable. Comment voyez-vous l’atterrissage de cet exercice 2019/20 ?

"Nous sommes en effet en deçà de ce que nous espérions initialement pour l’exercice en cours. Nous devrions accélérer très fort d’ici la fin de l’année et finir en croissance annuelle d’environ 30%, à 240-250 M€. Le retard accusé au S1 est essentiellement dû à des décalages sur les ventes en blocs, qui devraient s’élever à 500-600 lots cette année, pour atteindre les 1000 lots dès l’année prochaine. La vente en blocs est quelque chose de nouveau pour nous : nous n’avons pas encore mis en place l’organisation nécessaire à l’optimisation des délais de réitération des actes. Mais la dynamique de développement est restée extrêmement dynamique, avec un backlog de 555,7 M€, en hausse de 34% sur un an. Quant à la profitabilité, elle sera en retrait sur le S1 compte tenu du manque de CA couplé à nos efforts de structuration, mais il y aura un fort effet de levier au deuxième semestre si la toute fin d’année se passe comme prévu."

Votre objectif 2025 nécessitera des acquisitions. Est-ce d’actualité ?

"Pas pour le moment. Nous avons déjà tellement à faire sur le périmètre existant…l’aventure Capelli n’a jamais été aussi passionnante !"

Source : société