Le distributeur a vu son résultat opérationnel courant (ROC) grimper de 65,6% à 466 millions d'euros et de 46% à taux de changes constants, après une accélération de sa croissance organique au deuxième trimestre.

Ces chiffres pourtant supérieurs aux attentes des analystes n'ont pas convaincu le marché.

Après une ouverture en hausse, le titre Casino s'est retourné à la baisse en matinée et cédait 6,6% à 51,37 euros à 13h35, alors que le SBF 120 était quasiment stable (-0,03%).

Il affiche néanmoins une des meilleures performances du secteur européen depuis le début de l'année (+14,3%), surperformant nettement son grand concurrent français Carrefour (-9,5%).

"Compte tenu de la vigueur du 1er semestre, ces prévisions semblent conservatrices", observent les analystes de Bernstein dans une note de recherche.

Ceux de Barclays estiment pour leur part que nombre de questions sont restées sans réponse lors de la conférence téléphonique tenue dans la matinée.

"Casino n'a pas dissipé les doutes sur la qualité de ses résultats et sur ses pratiques comptables", soulignent-ils dans une note, évoquant l'intégration de 130 millions d'euros de crédit d'impôts au Brésil dans son résultat opérationnel courant, alors que sa filiale brésilienne GPA les a traités comme des éléments non récurrents.

"BESOIN DE PLUS DE CLARTÉ"

"Sans ce coup de pouce fiscal brésilien, les résultats de Casino auraient été inférieurs aux attentes", notent-ils.

Ils s'interrogent aussi sur les raisons d'une vente de produits techniques des hypermarchés français Géant à Cdiscount pour un montant de 78 millions d'euros.

"Nous avons besoin de plus de clarté sur la réalité de l'évolution de la rentabilité en Amérique latine", renchérissent les analystes de Jefferies.

Le dépassement du consensus sur le ROC du groupe s'explique également, selon eux, par des crédits d'impôts.

Le groupe avait dit s'attendre, lors de la publication de son chiffre d'affaires semestriel, à une hausse de 20% de son résultat opérationnel, avec un chiffre dépassant les 115 millions en France en incluant les plus-values tirées de ses opérations immobilières.

En France, le résultat opérationnel a finalement progressé de 43% à 121 millions d'euros et la marge de 39 points de base, avec une forte hausse du résultat de la distribution (83 millions contre 36 millions un an auparavant) et une baisse des plus-values liées aux opérations de promotion immobilière.

En Amérique latine, le ROC a grimpé de 50% à taux de changes constants à 364 millions d'euros.

Fort de ces chiffres, le groupe a relevé ses prévisions pour 2017, tablant sur une progression d'au moins 20% de son résultat opérationnel courant à taux constants et sur une croissance de plus de 15% de son ROC en France - dans l'alimentaire seulement - avec une contribution de l'ordre de 60 millions d'euros de ses activités de promotion immobilière.

Mis sous pression par le fonds Muddy Waters fin 2015 pour manque de transparence, pile de dettes et ingénierie financière masquant la baisse de ses performances, et dégradé par l'agence S&P en catégorie spéculative en mars 2016, Casino s'est profondément transformé en 2016 pour regagner la confiance des investisseurs.

Il a vendu ses filiales au Vietnam et en Thaïlande pour se désendetter, a soldé l'échec boursier de Cnova aux Etats-Unis et engagé la vente du brésilien Via Varejo et de ses actifs d'e-commerce, foyer de pertes plombé par la crise.

Au 30 juin, la dette nette totalisait 5,59 milliards d'euros, contre 6,34 milliards un an plus tôt.

(Avec Sudip Kar-Gupta et Jean-Michel Bélot, édité par Matthieu Protard)

par Pascale Denis