Le discret Emmanuel Besnier assure également faire "le maximum" pour régler la situation et comprendre ce qui s'est passé afin de pouvoir "tirer les leçons de cette crise" qui a entraîné la contamination de 37 nourrissons en France, un en Espagne, avec un cas en cours de confirmation en Grèce.

La crise sanitaire portant sur des produits fabriqués dans l'usine du groupe située à Craon (Mayenne) a pris un tour politique en fin de semaine avec les demandes gouvernementales de sanctions contre le premier groupe laitier français.

Au-delà du numéro un mondial des produits laitiers, la crise touche aussi la grande distribution, dont les principales enseignes (Leclerc, Auchan, Carrefour ou Système U) ont admis avoir écoulé les produits malgré les rappels successifs.

Notamment mis en cause par le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui l'a reçu vendredi, Emmanuel Besnier déclare que l'extension du rappel à l'ensemble des boîtes de lait infantile produites sur le site de Craon sans considération de date annoncée à l'issue de cette rencontre ne résulte pas d'une "injonction du ministre" mais d'une proposition qu'il a lui même soumise.

Ce rappel concerne plus de 12  millions de boîtes dans 83 pays et Emmanuel Besnier n'a précisé ni le montant des indemnisations envisagées, ni le coût total de l'opération.

"Indemniser, c'est bien. Mais l'argent n'achète pas tout", a rétorqué dimanche le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, sur BFM TV. "Quand on a du lait qui a été mis en circulation et qui a manifestement provoqué des situations sanitaires compliquées pour des enfants, c'est que, quelque part, il y a eu un manquement."

Il revient désormais à la justice de faire la part des responsabilités, a-t-il souligné.

"PAS DE MANQUEMENTS"

Le président de Lactalis, qui avait quitté Bercy sans parler à la presse à l'issue de cette rencontre, déclare au JDD qu'"à aucun moment il n'y a eu une intention de cacher les choses", même s'il reconnaît "qu'il manquait cinq lots dans le premier fichier" transmis aux autorités, mais "cela a été corrigé dès le lendemain".

S'il considère "qu'il n'y a pas eu de manquements (de la part de Lactalis) sur les procédures", Emmanuel Besnier prend ses responsabilités dans ce dossier.

"Notre métier, c'est de mettre des produits sains sur le marché. Si cela n'a pas été le cas, c'est notre responsabilité. Je l'assume", déclare-t-il.

Assurant avoir pour "obsession" de comprendre ce qui s'est passé, il précise ne pas avoir eu "d'informations sur de possibles contaminations avant le 1er  décembre".

Des traces de salmonelles avaient été identifiées dans l'environnement en août et en novembre 2017 dans le cadre de contrôles réguliers mais en l'absence "d'éléments montrant que (les) produits étaient touchés", le groupe déclare avoir suivi les procédures, avec un renforcement des nettoyages et des contrôles.

"Mais nous allons tirer les leçons de cette crise et rebâtir un plan de contrôle sanitaire encore plus strict, en concertation avec les autorités", précise Emmanuel Besnier.

Pour lui, la "priorité absolue, c'est la sécurité maximale", même s'"il n'y aura jamais de risque zéro sur cette question comme sur d'autres".

Face aux critiques sur son silence depuis le début de l'affaire, Emmanuel Besnier concède ne pas être "d'une nature expansive" et explique que "sans une crise comme celle-là, on cherche d'abord à agir".

Avec plus de 60 sites industriels et 15.000 salariés en France, le groupe, dont le siège est basé à Laval en Mayenne, demeure très implanté dans l'Hexagone, où il fabrique et commercialise des produits sous les marques Président, Lactel ou encore Bridel.

L'usine de Craon, à l'arrêt depuis le 8 décembre, devrait encore rester fermée plusieurs mois, selon Emmanuel Besnier.

(Myriam Rivet avec Simon Carraud, édité par Tangi Salaün)

Valeurs citées dans l'article : Carrefour, Casino Guichard-Perrachon