PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe de grande distribution Casino a dévoilé jeudi des résultats semestriels jugés décevants par les analystes, tout en ne parvenant pas à rassurer les investisseurs sur sa capacité à se désendetter et à respecter les engagements pris avec ses créanciers.

A la Bourse de Paris, le titre Casino accuse l'une des plus fortes baisses de l'indice SBF 120, s'effondrant de 11,7%, à 23,01 euros.

Au premier semestre de cette année, Casino a enregistré des résultats fortement dégradés, inférieurs aux prévisions des opérateurs de marché et qualifiés de "décevants" par la plupart des analystes. Entre janvier et juin, le distributeur a accusé une perte nette de 87 millions d'euros, contre un profit net de 12 millions d'euros au cours de la période correspondante de 2019.

Hors crédits fiscaux, le résultat opérationnel courant (ROC) du groupe stéphanois a reculé de 15,3% sur les six premiers mois de l'année, à 386 millions d'euros, et reflète une contraction de 3,6% à taux de change constants. Le ROC semestriel de Casino est inférieur de 7% aux prévisions du consensus des analystes, souligne JPMorgan Cazenove.

Le non alimentaire est sous pression

Pour la France seule, le ROC des activités de distribution a atteint 148 millions d'euros sur la période, en baisse de 28,7% en données publiées mais en hausse de 2% hors prime exceptionnelle versée aux salariés. "Les ventes additionnelles liées au Covid-19 ont été plus que contrebalancées par les coûts supplémentaires qu'elles ont engendrés", remarque Barclays. Par ailleurs, Bryan Garnier note que les performances de l'enseigne Monoprix, et notamment de ses rayons dédiés à la mode, sont "sous pression" depuis le confinement et que la reprise est "plutôt lente".

En Amérique latine, le ROC des activités de distribution a diminué de 12,5% en données publiées au premier semestre, mais augmenté de 6,3% à taux de change constants, à 232 millions d'euros, profitant notamment du redressement de la rentabilité de l'enseigne Assai, spécialiste du libre-service de gros (cash and carry).

En outre, le caractère imprévisible de l'évolution de la pandémie de coronavirus empêche toujours le groupe de dresser des projections financières pour la période courant jusqu'à 2021. En mars, la crise économique associée à la pandémie de Covid-19 avait contraint Casino à suspendre les objectifs initialement fixés pour la période s'étalant de 2019 à 2021. "Il est plus prudent de s'en tenir à cette position", a déclaré jeudi David Lubek, le directeur financier de Casino, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Risque de rupture des engagements pris avec les créanciers

Autre déception : Casino peine à se désendetter. La dette financière nette consolidée du distributeur a augmenté de 2,8% en un an, pour s'établir à 4,83 milliards d'euros au 30 juin 2020, dont une dette nette de 2,8 milliards d'euros en France (-3,4%). "Casino ne s'est pas désendetté au premier semestre car les montages financiers du passé continuent de masquer la génération de trésorerie organique ou pas", commente JPMorgan Cazenove.

Casino est parvenu à respecter ses engagements rattachés à la facilité de crédit renouvelable obtenue en novembre 2019 en faisant notamment état d'un ratio dette brute sur excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté de 6,62 à fin juin 2020, n'excédant pas la limite fixée à 7,50. Mais la hauteur de la dette approche du seuil critique. "Si Casino ne réalise pas d'autres cessions significatives à partir de la rentrée de septembre, il sera impossible pour le groupe de respecter cet engagement pris avec ses créanciers à fin 2020", prévient Clément Genelot, analyste chez Bryan Garnier.

En raison d'une structure actionnariale fortement endettée, les sociétés mères de Casino, dont Rallye, ont été placées en procédure de sauvegarde le 23 mai 2019. Depuis le début de l'année, Casino a notamment vendu trois entrepôts et 567 magasins Leader Price dans l'Hexagone à Aldi, pour une valeur d'entreprise de 735 millions d'euros, et cédé sa filiale de distribution dans l'océan Indien, Vindémia, pour une valeur d'entreprise de 219 millions d'euros. Ces ventes s'inscrivent dans le cadre du plan établi par le groupe, visant à réaliser pour 4,5 milliards d'euros de cessions entre mi-2018 et le premier trimestre de l'année prochaine.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV

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