Berlin (AFP) --Des centaines de grèves d'avertissement orchestrées par le syndicat de la métallurgie IG Metall doivent perturber jeudi l'industrie allemande, alors que reprennent les négociations salariales pour tenter d'arracher au patronat la semaine de 28 heures.

Ces arrêts de travail, qui sont montés progressivement en puissance depuis lundi, mobilisant environ 160.000 personnes à travers le pays, affectent pendant quelques heures des entreprises soigneusement choisies (Siemens, Caterpillar, Daimler, Airbus, Mercedes, Miele).

Ils doivent accompagner le début jeudi d'une nouvelle session de négociations entre les partenaires sociaux à Böblingen, dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest).

Les négociations saisonnières entamées à l'automne n'ont pas permis de conclure un nouvel accord pour cette vaste branche de la métallurgie, qui recouvre aussi l'automobile, les industries électriques et électroniques (semi-conducteurs, électroménager, machines-outils...) et emploie 3,9 millions de personnes.

Le patronat s'est braqué autour de la revendication d'IG Metall : le passage de la semaine de travail de 35 à 28 heures pour ceux qui souhaitent s'occuper de leurs proches, avec compensation partielle de la perte de salaire par l'employeur. La formule serait valable deux ans au maximum et l'employeur devrait garantir un retour à un poste à plein temps.

IG Metall réclame également une augmentation de salaires de 6%, quand la fédération des employeurs met sur la table 2%.

Le dirigeant du syndicat a durci le ton mercredi en donnant au patronat jusqu'à la fin du mois pour faire avancer les négociations.

"Si les employeurs n'abandonnent pas leur posture de blocage pour parler avec nous du temps de travail, nous devrons prendre des mesures plus drastiques", a prévenu Jörg Hofman lors d'une rencontre avec la presse à Francfort (ouest), siège du syndicat.

"Nous verrons alors s'il y a lieu de continuer de négocier, si nous continuons les arrêts de travail, ou si nous organisons le vote de grèves dures", a-t-il déclaré dans la presse.

Les débrayages de quelques heures accompagnent traditionnellement les négociations salariales en Allemagne, mais les grèves de 24 heures sont plus rares et IG Metall n'a pas organisé de grève nationale et illimitée depuis 2003.

Le président de la Fédération des employeurs (BDA), Ingo Kramer, a jugé jeudi dans le journal Rheinische Post que la semaine de 28 heures risquerait de "porter atteinte à la paix sociale dans les entreprises, si certains salariés peuvent réduire leur temps de travail en recevant une compensation financière et que leurs collègues doivent prendre en charge leur travail sans être payés davantage".