Pionnier du granulé bois, Cogra déroule sereinement sa stratégie depuis son introduction en Bourse en 2011. Dotée d’un actionnariat atypique, cette société dirigée par son PDG fondateur prépare un doublement de ses capacités de production en 2020. Entretien.

 

Bernard Chapon, quel est le positionnement de Cogra dans la filière bois énergie ?

 « Nous sommes un pure player du granulé depuis 1982. Cela fait de Cogra le plus ancien producteur en Europe et l’un des principaux acteurs en France. Cet historique nous donne une expérience et une connaissance approfondie de la filière bois et de nos métiers. Au milieu des années 1990 nous avons démarré une activité d’importation et de vente de poêles. Nous tenons à suivre nos clients jusqu’à l’étape finale de nos granulés, la cendre, c’est pourquoi il nous est apparu important, à partir du moment où nous avons commencé à fournir les particuliers en granulés, de nous assurer que les appareils gérant leur combustion étaient adaptés. Ceci se complète d’une offre de Service : nous pouvons installer des chaudières individuelles ou collectives, des poêles, les mettre en route et en assurer la maintenance et l’entretien. Pour la partie Service nous nous concentrons sur un rayon d’une centaine de kilomètres autour de nos implantations. Sur la partie distribution de granulés et d’équipement, nous couvrons la France entière, de la grande distribution aux magasins spécialisés et réunissons près de 1000 revendeurs ; nous avons également des clients revendeurs en Italie, en Suisse et même en Belgique.

Il s’agit d’un métier capitalistique pour atteindre la taille critique : dès la création de la société nous avons ouvert le capital tant à l’amont, c’est-à-dire à de scieurs, qu’à l’aval, en l’occurrence la société de HLM Lozère Habitation. Aujourd’hui notre premier actionnaire est le fonds d’investissement Nextstage par souscriptions à plusieurs augmentations de capital depuis l’introduction en Bourse de la société il y a 8 ans. La Bourse nous a permis de doubler nos capacités de production et de traverser sereinement les effets de saisonnalité. » 

Quelles sont vos perspectives de développement à moyen terme ?

 « Cogra compte rester un spécialiste du granulé car il s’agit du combustible le plus écologique et le plus économique. Particulièrement encouragé par les autorités, le marché doit continuer sa croissance dans les années à venir. Dans ces conditions, nous entendons prolonger nos bonnes performances opérationnelles et financières pour l’exercice 2019-2020, tout en mettant en œuvre un nouveau projet d’usine de production de granulés bois. Avec une capacité de production totale de 200 000 tonnes avec 3 usines réparties sur 2 sites de production, Cogra vise une marge d’EBITDA durablement supérieure ou égale à 10%, y compris sur l’exercice qui s’achèvera en juin 2021 et qui connaitra de lourds investissements. »

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet de construction d’une 3e usine ?

 « La demande pour les granulés Cogra est forte et une opportunité s’est présentée sur notre site actuel de Craponne-sur-Arzon : un de nos partenaires historiques souhaitait démarrer une nouvelle scierie à 1km de notre site actuel, ce qui nous assure une part importante de notre besoin en matière première, le tout à proximité de grands domaines boisés. Aujourd’hui nous estimons que nos ressources se situent à 8 Km en moyenne pondérée. L’efficacité logistique et écologique sera donc optimale, le nerf de la guerre étant dans notre métier : l’accès durable à une ressource de proximité. Ce projet représentera un investissement de l'ordre de 11 M€ qui sera financé par emprunt bancaire à un taux d’intérêt inférieur à 1%. Ce nouveau financement interviendra au moment où nous terminons le remboursement de celui de notre usine de Séverac-le-Château, construite en 2013. La mise en route du nouvel outil devrait avoir lieu à l’été prochain et la montée en charge se fera progressivement d’ici 2024, le temps non pas de trouver la demande, qui est toute trouvée, mais de bien sécuriser les partenariats d’approvisionnement. Dans ces conditions, à horizon 2022-2023, nous visons d’être en mesure de commencer à verser des dividendes, une fois que cette phase d’investissement portera significativement ses fruits.

Le marché des granulés a-t-il vocation à se consolider ?

 « Le rapprochement entre acteurs implique de partager le même modèle et la volonté de se rapprocher. Il existe deux types d’opérateurs sur notre marché : ceux qui intègrent plusieurs maillons de la filière bois, typiquement des scieurs qui sont alors autosuffisants en ressources, et les pure players ou ceux qui ont une approche diversifiée du bois énergie en transformant diverses ressources en divers produits finis. A mes yeux, le rapprochement entre ces deux types d’acteurs ferait peu de sens : les outils de production et les circuits logistiques qui sont à la base de l’efficacité de nos modèles sont trop éloignés. Reste donc pour nous la question de nous rapprocher de petits acteurs spécialisés, qui connaitraient par exemple des difficultés, clairement identifiés et auxquels nous pourrions apporter des synergies, celles-ci seraient avant tout d’ordre commercial. »

Source : société Cogra