Il s'agit d'un nouveau coup porté à la réputation du secteur bancaire européen, qui s'est déjà vu infliger des milliards de dollars d'amendes pour manipulation des taux interbancaires, Libor en tête, qui servent de référence aux milliards de dollars de transactions dans le monde.

L'exécutif européen n'a pas désigné jeudi les établissements concernés, qui risquent une sanction maximale représentant 10% de leur chiffre d'affaires mondial s'ils sont jugés coupables d'infraction aux règles européennes en matière de concurrence.

Mais, dans un communiqué distinct, Deutsche Bank, qui a déjà versé plus de trois milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) pour régler des litiges dont celui lié à la manipulation du Libor, dit avoir coopéré "proactivement" avec la CE et ne pas s'attendre à une amende.

Les "lanceurs d'alerte" ne sont généralement pas sanctionnés par l'UE dans ce type de dossier.

Peu après, Crédit agricole, qui a écopé en 2016 d'une amende de 114,6 millions d'euros pour avoir participé à la manipulation de l'Euribor, a dit reçu une communication des griefs de la Commission européenne, qui portent spécifiquement sur le marché secondaire des obligations SSA (Supranational, Sub-Sovereign et Agencies).

"Credit agricole SA et Crédit agricole CIB vont (...) prendre connaissance (de cette communication) et y répondre", souligne la banque française dans un communiqué.

Ensuite, Credit Suisse a dit coopérer avec les autorités européennes dans le cadre de leur enquête, disant que le dossier le concernant ne concernait les agissements que d'un seul courtier, qui a quitté la banque en 2016.

Le titre Crédit agricole a reculé de 4,0% à 9,48 alors que l'indice regroupant les valeurs bancaires européennes a perdu 2,48%. L'action Deutsche Bank a cédé 7,04% et celle de Credit Suisse 3,79%.

L'enquête de la Commission européenne porte sur le comportement de certains "traders" de ces quatre banques.

"La Commission craint qu'à différentes périodes entre 2009 et 2015, les quatre banques aient échangé des informations commerciales sensibles et coordonné leurs prix concernant des obligations supra-souveraines, souveraines et d'agences libellées en dollars américains", a déclaré l'exécutif de l'UE.

"Ces contacts auraient eu lieu essentiellement sur des forums de discussion en ligne."

La Commission souligne que le fait d'avoir informé les banques de ses soupçons ne préjuge pas de l'issue d'une enquête.

(Foo Yun Chee, avec Andreas Framke et Arno Schütze à Francfort; Bertrand Boucey et Benoît Van Overstraeten pour le service français)