Washington (awp/afp) - La filiale américaine de la banque allemande Deutsche Bank a échoué à la deuxième phase des tests de résistance annuels de la banque centrale des Etats-Unis, qui a diagnostiqué des "lacunes importantes" dans sa gestion des risques, a indiqué la Fed jeudi.

Sur les 18 grandes banques examinées, trois autres établissements n'ont reçu qu'un feu vert conditionnel à leurs plans de distribution de liquidités. Il s'agit des banques d'affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley ainsi que de State Street Corporation.

Cette deuxième phase des tests a scruté de façon "qualitative" la performance individuelle des banques en cas de crise financière et évalué leurs projets de distribution de capitaux (rachats d'actions, distribution de dividendes).

Une première phase dite "quantitative", dont les résultats ont été publiés le 21 juin, avait examiné un total de 35 banques et déterminé qu'elles étaient suffisamment capitalisées en cas de crise.

Comme s'y attendaient les investisseurs, alors que Deutsche Bank rencontre des difficultés au niveau mondial, le plan de distribution de liquidités de la banque allemande aux Etats-Unis n'a pas obtenu de feu vert.

La Fed a déterminé que les activités de DB USA (sur les Etats-Unis seuls) montraient "des faiblesses matérielles" dans la planification de sa distribution de capitaux ainsi que dans "son approche et ses hypothèses de revenus et de pertes en cas de crise".

Dans son rapport, la Fed pointe "des lacunes importantes et répandues dans les pratiques de planification du capital de l'entreprise". "Des faiblesses matérielles ont été identifiées dans les données et processus de contrôles" ainsi que dans "la gestion des risques et la vérification interne".

La banque allemande, qui avait déjà échoué aux tests de résistance de la Fed en 2015 et 2016 devra, pour approbation, soumettre à l'autorité de régulation tout nouveau plan de distribution de liquidités à sa maison-mère, a précisé un haut responsable de la Fed.

Même si elle était attendue par les marchés, cette objection de la banque centrale américaine au plan de distribution de capital de DB USA est un nouveau coup dur pour la première banque allemande qui est en plein redressement, avec un nouveau PDG, des coupes dans les effectifs et la mise en place d'une nouvelle stratégie.

Dans un communiqué jeudi soir, DB USA assure qu'elle a fait "d'importants investissements" pour améliorer ses "capacités de distribution de liquidités" de même que son processus de contrôle et son infrastructure. La banque "continuera de faire des progrès (...) et de s'engager de façon constructive avec les régulateurs pour atteindre les objectifs réglementaires ainsi que ses objectifs internes".

Pour la première fois, toutes les activités des banques étrangères examinées étaient inclues dans cette partie des tests.

Impact de la réforme fiscale

L'édition 2018 de ces tests, qui éprouvent la solidité du secteur bancaire en cas de crise, prévoyait une brutale récession mondiale avec un bond du taux de chômage à 10%, accompagnée de turbulences sur le marché obligataire. Ce scénario de crise était un des plus sévères depuis la création des tests il y 8 ans.

Ces épreuves ont été mises en place par la loi financière Dodd-Frank après la crise de 2008 pour s'assurer que les banques ont les reins solides en cas de crise systémique.

Dans une moindre mesure, la banque centrale a épinglé les projets de distribution de capitaux de Goldman Sachs et de Morgan Stanley qui ne pourront disposer de leurs liquidités que dans la même mesure que les années précédentes, exige la Fed.

"Cela leur permettra de renforcer leurs capitaux au cours de l'année prochaine", ajoute l'autorité de régulation qui note que la performance de ces banques a été affectée notamment par la réforme fiscale qui a entraîné une baisse non-récurrente des fonds propres.

La Fed a aussi accordé un feu vert conditionnel à State Street Corporation, qui présente des risques de contrepartie provoquant de larges pertes en cas de scénario de crise très sévère.

Globalement, le régulateur estime que "même avec le défi non-récurrent posé par les changements de la loi fiscale", adoptée par l'administration Trump, "les résultats des tests montrent que les géants bancaires ont un fort niveau de capital et qu'ils seraient capables de continuer à prêter durant une sévère récession, après avoir procédé aux distributions de capitaux autorisées".

Après l'annonce de ces résultats, selon une enquête de Bloomberg News, les 25 plus grandes banques devaient dévoiler d'importants rachats d'actions et distributions de dividendes qui pourraient être de 30 milliards de dollars supérieurs aux gains distribués l'année dernière.

afp/rp