Milan (awp/afp) - L'homme d'affaires German Efromovich et la société USAerospace Partners se sont dits prêts vendredi à investir dans la compagnie aérienne italienne Alitalia. Séparées, ces annonces interviennent alors que Rome a prévu sa nationalisation.

USAerospace Partners, groupe américain réunissant des sociétés spécialisées dans les opérations aériennes (maintenance, cargo...), est disposé à investir jusqu'à 1,5 milliard de dollars et a demandé une rencontre avec les différents ministres concernés.

Dans un communiqué, cité par les agences italiennes, la présidente de USAerospace, Michele Roosevelt Edwards, s'est déclarée prête "à discuter avec le gouvernement et le Parlement sur les modèles possibles pour la gouvernance de la société qui pourraient garantir, de la meilleure manière, une relance réelle et durable de la compagnie, en maintenant stable son développement en Italie".

USAerospace, qui avait déjà manifesté son intérêt pour Alitalia en mars dernier, a racheté en 2019 la marque et les actifs de WOW Air, la compagnie islandaise à bas coûts. M. Efromovich, ex-actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne sud-américaine Avianca, a expliqué de son côté être prêt à investir un milliard d'euros, soit en acquérant Alitalia, soit en concluant un partenariat avec l'Etat.

"Zéro interférence politique"

"Mon groupe, Synergy, n'a pas de ressources infinies. Si Alitalia avait besoin jusqu'à un milliard d'euros, nous n'aurions pas de problème", a-t-il indiqué dans un entretien au quotidien économique Il Sole 24 Ore. "Je n'ai pas de problème avec un partenariat. Mais si je devais le faire avec le secteur public je poserais une seule condition: zéro interférence politique", a-t-il ajouté.

L'entrepreneur brésilo-colombien, né en Bolivie, explique néanmoins ne pas avoir eu accès aux informations sur la compagnie et estime qu'il devra "d'abord comprendre la situation" pour définir un plan stratégique. Il a précisé que le ministre du Développement économique et l'administrateur de la compagnie n'avaient pas répondu jusqu'ici à sa lettre, "mais nous travaillons pour nous faire entendre", a-t-il souligné.

Alors que l'Etat a indiqué qu'il allait créer en juin une nouvelle entreprise publique pour sauver Alitalia, dans laquelle il injectera 3 milliards d'euros, M. Efromovich a affirmé: "il ne faut pas trois milliards d'euros pour faire fonctionner cette compagnie, c'est trop".

Interrogé sur la possibilité de licenciements s'il reprenait Alitalia, il a précisé que "le coût du travail sera étudié", mais "il est clair qu'il doit être le même que celui des autres compagnies en Europe. Nous devrons être compétitifs ou l'entreprise mourra". Alitalia accumule les pertes depuis des années et a dû être placée sous tutelle de l'administration en 2017. Depuis cette date, l'Etat a cherché en vain des repreneurs.

Echec de la tentative de FS

Le groupe public italien des chemins de fer, Ferrovie dello Stato (FS), qui a tenté un temps de constituer un consortium pour sauver Alitalia, a jeté l'éponge début janvier, après avoir été en contact notamment avec la compagnie aérienne américaine Delta, l'allemande Lufthansa et le gestionnaire italien d'autoroutes et aéroports Atlantia (famille de Luciano Benetton).

Désormais, le gouvernement entend relancer la compagnie en la nationalisant, en tirant profit de la crise touchant aussi durement ses concurrentes en raison de l'épidémie de coronavirus. En avril, Alitalia a accusé une baisse de chiffre d'affaires de 97% du fait de la pandémie du nouveau coronavirus, selon l'administrateur de la compagnie Giuseppe Leogrande, et 6.600 employés ont été mis au chômage technique jusque fin octobre.

afp/vj