Nombreux sont les acteurs du bois énergie au sein de la cote parisienne. Si chacun a ses particularités, tous bénéficient de l’engouement durable pour cette énergie, par-delà les hivers doux qui se sont succédé. Parmi eux, EO2 vient de publier ses résultats, très bien accueillis en Bourse. Rappelons que le groupe est également actionnaire à 54% de Weya, société cotée sur Euronext Access, spécialisée dans les chaufferies biomasse. Entretien avec Grégoire Detraux, cofondateur d’EO2.
 
Grégoire Detraux, votre cours de Bourse a connu un très fort engouement en 2017, puis une baisse de près de 80% en 2018. Comment l’expliquez-vous et comment l’avez-vous vécu ?
"La valorisation boursière de l’entreprise était tombée très bas en 2016 suite aux conséquences de l’abandon d’un projet de construction d’une nouvelle usine de granulés bois dans le Sud-Ouest… Un des fonds qui était entré au capital de la société pour financer ce projet est alors sorti, poussé par la décollecte. Cela a correspondu à un moment où nos comptes étaient pénalisés par le premier hiver doux d’une longue série et des phénomènes de surstockage chez les acteurs du granulé bois.  A partir de ces points bas, le cours s’est envolé, puis effondré car un fonds commun de placement est entré, puis sorti. L'aller/retour de ce fonds demeure un mystère pour nous sur notre typologie de société. Et ce d’autant plus que nos résultats sur la période ont été plutôt réguliers, et se sont maintenus dans le vert. Il est clair que notre cours de bourse actuel ne donne pas à ce jour satisfaction. L’analyse de la Direction est que seules des perspectives durables de développement permettront d’orienter de façon pérenne la valorisation boursière d’EO2. Notre stratégie de diversification vise à y contribuer."
 
Quel regard portez-vous sur les résultats annuels à fin février 2019 que vous venez de publier ?
"Pour nous, ces résultats confirment les bonnes performances d’EO2, et en même temps, ils auraient pu être meilleurs. Notre chiffre d’affaires a progressé de 31%, mais nos produits d’exploitation, qui reflètent mieux notre activité, sont restés stables car nous avions beaucoup stocké et immobilisé de production l’exercice précédent. Nous tentons d’accompagner la forte croissance du parc d’appareils de chauffage au bois. Afin de pouvoir satisfaire nos clients, nous avons mis en place une activité d’importation distribution de granulés, MMR, filiale à 50%, mais sa profitabilité reste à démontrer, et a pesé dans nos comptes. Un changement de gérance a eu lieu, qui n’a pas permis pour l’heure d’inverser la tendance. Par ailleurs, Weya, notre filiale à 54%, qui nous offre un fort potentiel de diversification sur des activité plus récurrentes et moins capitalistiques, a connu une dégradation sur le 1er semestre du fait de la mise en service de la chaufferie de Cosne-sur-Loire, qui a nécessité des ressources techniques et financières importantes. Les comptes des deux filiales d’exploitation de Weya, C3L-chaleur de Cosne-sur-Loire et RCAC, ont connu une baisse d’activité qui fait que, globalement, les activités de services à l’énergie n’auront pas été contributives au résultat du groupe EO2 cette année. Weya a engrangé quelques succès commerciaux significatifs qui ont porté leurs fruits dès le second semestre 2018/2019. Malgré ces éléments pénalisants, la profitabilité opérationnelle du groupe a progressé, avec un EBE de 2,45M€, contre 1,89M€."
 
 
L’activité de production de granulés bois est très consommatrice de capitaux. Quel retour sur investissement dégage-t-elle ?
"Il est vrai que les marges ne sont pas très élevées, comme dans la plupart des activités industrielles, mais maintenant que notre site de production a atteint un rythme de croisière, sa rentabilité est tout à fait satisfaisante, et meilleure que bon nombre d’acteurs comparables.  Malheureusement, sa duplication sur d’autres territoires est très difficile et nous devons accélérer notre diversification."
 
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets de développement ?
"Nous allons essayer d’augmenter nos capacités de production et notre productivité sur notre site de production de granulés bois. Sauf opportunité de croissance externe, la croissance viendra donc surtout de notre capacité à développer des activités autour de celles déjà développées par Weya, et à réaliser des acquisitions dans les énergies renouvelables et dans la biomasse en particulier. Nous souhaitons renforcer la récurrence et la croissance des revenus, en complément de notre activité granulés bois. Nous nous y préparons depuis au moins deux ans maintenant, et espérons que cela aboutira relativement rapidement. Nos capacités d’emprunt s’est renforcée entre temps, avec une dette nette de 3,24 M€ et des fonds propres de 15,15 M€. Malheureusement, nous ne pouvons vous en dire davantage à ce stade."

Organigramme de la société (Source Rapport semestriel Eo2)
 
EO2 a procédé à des rachats d’actions sur le marché en 2018. Un dividende sera-t-il proposé lors de l’AG qui aura lieu fin juillet ?
"Nous avons effectivement racheté des actions sur le marché afin de profiter de la faible valorisation du titre, avec pour objectif de les annuler et d’augmenter le bénéfice par action. L’Assemblé Générale qui se tiendra le 23 juillet prochain proposera l’annulation de 1,6% du capital. Nous n’avons pas poursuivi les rachats d’actions ces derniers mois car nous souhaitons préserver nos capacités de financement. Pour cette raison, nous ne devrions pas non plus verser de dividende."

NB : L'auteur est actionnaire de la société à titre personnel.