EOS imaging est une des rares « medtech » françaises qui, bien qu’ayant beaucoup déçu, reste en bonne place dans les meilleurs fonds small cap français. Il faut dire que les atouts des équipements de radiologie développés par EOS sont faciles à appréhender et que les plus grands spécialistes mondiaux l’ont adopté. Reste à savoir quand viendra l’heure du succès économique... En Bourse, après un triplement du cours en 3 mois, les investisseurs restent attentifs au succès de la nouvelle génération d’équipements ainsi qu’aux besoins de financement qui se feront sentir tôt ou tard. Entretien avec Valérie Worrall, en charge des finances depuis fin 2018.

Valérie Worrall, la supériorité des solutions EOS semble faire l’unanimité. Comment expliquez-vous que les ventes ne décollent pas ? 

 « Effectivement, la supériorité technique de nos technologies d’imagerie du corps entier, de modélisation 3D et de planification chirurgicale ne sont plus à démontrer, avec par exemple une adoption du système EOS par 20 des 25 meilleurs hôpitaux orthopédiques américains. Une clé majeure d’un succès de plus grande ampleur est de parvenir maintenant à élargir notre base d’installation vers des centres secondaires, comme nous l’avons fait sur d’autres marchés, par exemple en France. Cela passe par une plus forte notoriété, pas seulement auprès des chirurgiens orthopédiques où nous sommes maintenant bien identifiés, mais également auprès des radiologues. Une deuxième clé de transformation de ces premiers succès passe également par l’enrichissement de nos services, qui offrent des solutions complètes allant du diagnostic, à la planification chirurgicale et à l’exécution. La commercialisation des applications chirurgicales EOSapps, s’est développée en 2019, et nous avons également lancé EOSlink, qui permet le transfert des données de planification vers des robots utilisés en salle d’opérations. Enfin, le lancement fin 2019 de notre nouvel équipement, EOSedge, est une étape majeure pour notre Société, qui vise une opportunité de marché à l’échelle mondiale évaluée à 2 milliards de dollars par an. »

L’achat d’un équipement EOS classique représente un investissement d’environ 400 000 euros. Qu’est-ce-que votre nouveau modèle, EOSedge, apporte de plus pour justifier un prix supérieur d’environ 25-30% ?

 « EOSedge est une extension de notre famille de produits d’imagerie à faible dose de rayon X qui apporte aux médecins et aux patients plus de bénéfices grâce à des technologies de pointe et un design optimisé. EOSedge, apporte notamment une qualité d’image exceptionnelle, une  nouvelle technologie, Flex Dose, qui permet d’optimiser la dose de rayonnement au cours de l’examen, et un design ouvert permettant l’accès à un plus large éventail de patients. La rapidité des examens permet enfin d’optimiser le flux de patients.  Pour un cabinet de radiologie, ce nouveau modèle permettra une prise en charge élargie des pathologies musculosquelettiques. L’EOSedge permet donc de réaliser plus d’examens, pour des résultats plus nets, le tout avec une réduction de la dose d’irradiation propre aux systèmes EOS.»

Quel est le modèle économique d’EOS ?

 « Nous dirigeons la conception et la production de notre appareil, que nous faisons assembler par un sous-traitant en Sologne, tout en veillant à conserver la gestion des fournisseurs de composants. Les canaux de distribution de nos solutions sont mixtes selon les marchés, 80% de nos ventes sont réalisées en direct et 20% passent par les distributeurs. L’année 2019 a été une année de transition car nous avons modifié notre cycle commercial à partir du premier trimestre 2019, en organisant la livraison des équipements à l’installation et non plus à la réception de la commande. Le délai entre la commande et l’installation est en général de 3 à 12 mois, car nos clients doivent réaliser la préparation de leurs locaux. Notre chiffre d’affaires 2019 s’est ainsi élevé à 21,4 M€ contre 35,4 M€ en 2018, ce repli faisant directement suite à la transition du cycle commercial évoqué précédemment. En revanche à fin 2019, notre performance commerciale comparable était stable à 35,7 M€.                
Nous comptons sur notre nouvelle génération de système d’imagerie, EOSedge qui a été lancée fin novembre 2019, pour retrouver une dynamique sur la 2e moitié de 2020. Ce nouvel équipement a reçu un très bon accueil du marché puisque 9 systèmes ont déjà été commandés, sur les 56 commandes enregistrées en 2019 pour un total de 24 M€. Les faibles commandes d’équipements au 4ème trimestre en Amérique du Nord et dans la région Europe Moyen-Orient sont liées au lancement d’EOSedge pour lequel les clients doivent réévaluer leur choix d’investissement entre les deux versions de systèmes désormais disponibles. Il faut également noter que la maintenance représente chaque année environ 10% de la valeur de nos équipements installés et ayant passé leur année de garantie. Notre base installée étant en constante progression, les revenus issus de la maintenance ont progressé de 32% en 2019 et ont représenté 49% de notre CA annuel. Le taux de croissance de la maintenance devrait se situer aux alentours de 25% dans les prochaines années, et sera complété par la forte progression du CA Consommable et services qui commence à d
evenir significatif, à 1,2 M€ en 2019. »

Quels sont vos besoins et vos sources de financement ? Quand projetez-vous l’atteinte du point mort opérationnel ? 

 « Notre consommation de trésorerie a été très forte jusqu’à la mi 2019 (11 M€ au S1). Le changement de notre cycle commercial va permettre de réduire le délai client de l’ordre de 9 mois, générant un impact positif sur notre trésorerie jusqu’à la mi 2020. Nous ne communiquons pas de date sur l’atteinte du point d’équilibre, que les analystes qui nous suivent situent à horizon 2022. Nous comptons sur une amélioration progressive de notre profitabilité grâce aux perspectives commerciales dynamiques suite au lancement d’EOSedge et au développement de l’utilisation de notre gamme de Solutions Orthopédiques Avancées »

 L’apport du fonds chinois Fosun peut-il aller au-delà du soutien financier pour EOS ?

  « Fosun est notre premier actionnaire, avec 13% du capital, et siège à notre conseil, de même que la BPI qui détient 8,5% du capital. Nous comptons sur le soutien financier de ces deux actionnaires. Fosun contribue également à favoriser notre développement commercial en Chine. »

Un top management renouvelé en 2019. Dernier arrivé : Carl Denys, au 1er Janvier 2020.