LONDRES, 15 août (Reuters) - Le Parti travailliste souhaite qu'un vote de confiance soit organisé au Parlement dès qu'il aura la certitude de pouvoir renverser le gouvernement de Boris Johnson et mettre en place un gouvernement provisoire qui serait dirigé par le chef de file du Labour, Jeremy Corbyn, avec pour objectif de retarder le Brexit.

Boris Johnson, qui a succédé le mois dernier à Theresa May à la tête du Parti conservateur et du gouvernement britanniques, a promis de sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne au 31 octobre prochain, avec ou sans accord de divorce, laissant entrevoir une confrontation à la Chambre des communes où les députés s'opposent à un "no deal".

Dans une lettre adressée aux dirigeants des partis politiques et à des politiciens de haut rang, Jeremy Corbyn déclare que le gouvernement "temporaire strictement limité dans le temps" qu'il mettrait sur pied se chargerait de reporter la date du Brexit au-delà du 31 octobre et d'organiser de nouvelles élections législatives.

Le chef de file de l'opposition travailliste écrit que le Labour ferait campagne sur la tenue d'un nouveau référendum sur les termes du Brexit, avec l'option de ne pas quitter l'UE, trois ans après que les Britanniques se sont prononcés en faveur d'une sortie du bloc.

"Ce gouvernement n'a pas mandat pour un 'no deal', et le référendum de 2016 n'a accordé aucun mandat pour un 'no deal'", dit Corbyn dans la lettre. "J'ai par conséquent l'intention de présenter une motion de censure au plus tôt, lorsque le moment sera opportun pour nos chances de succès".

Au 10 Downing Street, une porte-parole de Boris Johnson a déclaré que le choix était clair: "Le gouvernement estime que la population est décisionnaire et que les résultats des votes doivent être respectés, Jeremy Corbyn pense que les gens sont des serviteurs et que les politiciens peuvent annuler des scrutins qu'ils n'aiment pas".

Boris Johnson, fervent "Brexiter", a déclaré mercredi que ceux qui essayaient d'empêcher la sortie de l'UE participaient à une "forme terrible de collaboration", après que l'ancien ministre des Finances Philip Hammond a estimé que la Chambre des communes empêcherait un Brexit sans accord.

La pause estivale du Parlement prend fin le 3 septembre.

Si la censure venait à être votée contre le gouvernement Johnson, les députés disposeraient d'une période de 14 jours pour tenter de former une nouvelle administration, faute de quoi de nouvelles élections seraient organisées - possiblement après la date à laquelle le Brexit est aujourd'hui programmé.

Les votes aux Communes ont montré qu'une petite majorité de députés étaient opposés à l'hypothèse d'un "no deal" entre Londres et Bruxelles. Corbyn, farouche opposant au Brexit, fait face à des pressions au sein même du Labour pour empêcher une sortie de l'UE.

Le chef de file des travaillistes est cependant une figure contestée au Parlement, et il pourrait avoir des difficultés à obtenir sa propre majorité. (Kate Kelland; Jean Terzian pour le service français)