La livre, qui a perdu un cinquième de sa valeur depuis le vote des Britanniques en faveur du Brexit en juin 2016, est tombée jusqu'à 1,1959 dollar, cédant momentanément jusqu'à près de 1% en matinée avant d'effacer une partie de ses pertes. Elle s'échange à 1,1985 dollar (-0,69%) vers 09h30 GMT.

En excluant le "flash crash" d'octobre 2016 au cours duquel la livre était brièvement tombée sous 1,15 dollar, elle évolue actuellement sur des plus bas depuis 1985.

Les tensions autour du Brexit connaissent une nouvelle flambée après la menace implicite du Premier ministre de convoquer des élections générales à la mi-octobre si les parlementaires cherchent à lui lier les mains en excluant une sortie de l'Union européenne au plus tard le 31 octobre, même sans accord.

Les députés à la Chambre des communes doivent voter mardi sur le premier volet de leur plan visant à empêcher Boris Johnson de réaliser un Brexit sans accord d'ici à la date prévue de sortie.

Les investisseurs craignent que le Royaume-Uni quitte l'UE sans accord de transition ou soit confronté à des élections générales à l'issue incertaine alors que l'économie britannique est aux prises avec un ralentissement de la croissance mondiale accentué par les tensions commerciales entre Pékin et Washington.

"Considéré au travers du prisme d'un Brexit sans accord ou d'un gouvernement dirigé par (le leader du Parti travailliste, Jeremy) Corbyn, les investisseurs en sont réduits à décider quel sera le poison le moins toxique", constate Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Les banques d'investissement ont revu à la hausse leur probabilité d'un Brexit sans accord.

"Les prochaines 48 heures sont potentiellement très importantes et c'est que montre la livre", relève Andrew Milligan, responsable de la stratégie d'Aberdeen Standard Investments.

"Elles vont déterminer si la stratégie à haut risque du Premier ministre s'es révèle payante ou s'il s'est retrouvé mis dans un coin (...) avec l'incertitude d'une élection à la mi-octobre."

Pour Andrew Milligan, la livre apparaît sous-évaluée alors que beaucoup d'incertitudes ont été prises en compte par les investisseurs mais il ajoute : "comme nous le voyons avec beaucoup de devises dans des circonstances extrêmes, il est très facile pour une monnaie de connaître un trou d'air."

Contre l'euro, la livre s'est moins nettement dépréciée mardi, reculant de 0,2% à un plus bas de deux semaines à 91,33 pence.

Morten Lund, analyste sur les changes de Nordea, s'attend à ce qu'elle continue à se déprécier contre la devise européenne pour tomber en dessous de son plus bas de trois ans à 93 pence touché le mois dernier.

"Il est difficile de voir un chemin qui ne conduit pas à une élection", prévient-il.

Pour Michalel Hewson, "en ce qui concerne les prochains niveaux supports pour la livre, cela dépend vraiment à qui l'on parle avec des estimations diverses qui vont des points bas d'octobre 2016 variant entre 1,1500 dollar à l'extrême chez certaines contreparties et 1,1830 chez d'autres tandis que d'autres encore ne la voient pas tomber en dessous de 1,1950", écrit-il dans une note.

"Ce qui est certain, c'est que la livre apparaît très vulnérable à ces niveaux".

L'incertitude qui entoure les semaines voire les mois à venir se traduit par une envolée des mesures de volatilité de la devise britannique..

(Avec Dhara Ranasinghe, Karin Strohecker et Saikat Chatterjee, Marc Joanny pour le service français, édité par Patrick Vignal)

par Tommy Wilkes et Olga Cotaga