Pénalisée par le retour de la volatilité sur les marchés malgré des statistiques économiques qui s’améliorent, la monnaie unique creuse ses pertes en 2019.

« L’Euro n’a jamais été aussi menacé », fustige Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie. Des propos lourds de sens quand on connait l’Histoire de la devise, tour à tour bousculée par la crise financière de 2008, le fiasco des dettes souveraines ou un recours acharné à l’assouplissement monétaire. Pourtant, entre un Brexit dans l'impasse, un conflit commercial musclé et la prolifération d’idées populistes dans l'ensemble des nations de l'UE, les facteurs d’incertitudes se multiplient.

En conséquence, la Commission européenne a de nouveau révisé en baisse ses prévisions de croissance en zone Euro pour 2019 et 2020.

Heureusement, les indicateurs relèvent la tête. Le PIB de l’Union monétaire progresse au-delà des attentes des économistes au premier trimestre (+0.4%), tandis que le taux de chômage se replie à un niveau inédit depuis septembre 2008 (7.7%), et que les prix à la consommation enregistrent une hausse qui se rapproche de la cible de la BCE (+1.7% sur un an).

Autre signal positif, Washington, trop occupé à batailler avec la Chine, accorde six mois à Bruxelles afin de trouver un terrain d’entente quant à ses exportations d’automobiles outre-Atlantique.

Aux Etats-Unis justement, Jerome Powell a estimé que la relative faiblesse de l’inflation devait être attribuée à des facteurs « temporaires », le président de la FED douchant ainsi les espoirs de voir l’institution procéder rapidement à une baisse de taux, malgré la redondance des critiques de Donald Trump. Le scénario d’un statu quo durable est par ailleurs renforcé par une croissance vigoureuse au premier trimestre (+3.2% en données annualisées) et par un taux de chômage historiquement bas au dernier pointage (3.6%, un record depuis 1969).

Graphiquement, l’Euro poursuit donc sa glissade, mais à un rythme toujours modéré. La tendance baissière est nettement installée sur tous les horizons mais les traders les plus actifs ont davantage intérêt à profiter de chaque rebond technique pour initier de nouvelles ventes.