Alors que la paire EUR/USD fait office de baromètre du risque depuis plusieurs semaines, la monnaie unique s’engouffre dans le sillage des marchés boursiers pour prendre quelques distances vis-à-vis de ses récents points bas.

Certes, la propagation du virus ralentit. Pourtant, les conséquences économiques restent encore incertaines et une épée de Damoclès plane toujours au-dessus des indices.

Du coté sanitaire, le bilan approche les 2 millions de contaminations pour plus de 120 000 décès mais les signes de plafonnement se confirment. Wuhan, où l’épidémie avait démarré, n’est plus confinée depuis le 8 Avril. En Europe, l’activité reprend progressivement dans une Espagne toujours en quarantaine tandis que le début du déconfinement est prévu le 11 mai en France, même si les modalités, voire la crédibilité de la date elle-même, posent question. Aux Etats-Unis également, « le pire serait passé » selon Andrew Cuomo, le gouverneur de New-York, qui entrevoit le bout du tunnel.

Sur le plan économique, les banques centrales et les gouvernements poursuivent les grandes manœuvres pour contrer la menace d’une crise de liquidités. La FED, la BCE, les Etats-Unis et les membres de l’UE tentent de tuer dans l’œuf le marasme économique promis aux pays riches. Et les chiffres donnent le tournis.

2 300 milliards de dollars de nouveaux prêts de la Réserve Fédérale destinés aux entreprises et aux collectivités locales. 2 000 milliards de dollars débloqués par le congrès américain. 1 100 milliards d’euros pour le Bundestag pour contrer « le plus grand défi » de l’Allemagne depuis la Deuxième Guerre mondiale selon Angela Merkel. 500 milliards d’euros « disponibles immédiatement » et « fonds de relance à venir » pour l’UE, dans le cadre d’un accord inespéré alors que l’idée d’une mutualisation des dettes à travers des « Eurobonds », destinés à soutenir l’économie européenne à plus long terme, ne fait toujours pas consensus.

Malgré tout, les statistiques n’ont pas encore dévoilé l’étendu des dégâts. La macroéconomie nous a déjà donné un aperçu de l’état du marché du travail outre-Atlantique avec près de 17 millions de nouvelles inscriptions au chômage en 3 semaines. La microéconomie pourrait enfoncer le clou avec l’ouverture des résultats trimestriels des grandes sociétés cotées à Wall Street. Les économistes anticipent un recul de 10% des bénéfices des entreprises du S&P500 au premier trimestre.

L’optimisme post week-end pascal pourrait par conséquent rapidement s’estomper pour laisser place à une réalité moins réjouissante, ce qui favoriserait une nouvelle appréciation du billet vert.

Graphiquement, l’Euro conserve un biais baissier sur tous les horizons et nous surveillons désormais 1.1014 USD, et potentiellement 1.1163 USD, prochains niveaux-clés qui nous offriraient de nouvelles opportunités de vente sur rebond. Plus bas, nous visons un retour vers 1.0798 puis 1.10654 USD à court et moyen terme.