Au moment où il devient cornélien d’isoler des éléments positifs dans les perspectives qui s’offrent au Vieux Continent, les pouvoirs publics recherchent des solutions. Et la monnaie unique semble plus que jamais au bord du précipice.

En Italie, Matteo Salvini a fait exploser la coalition gouvernementale et menace la troisième économie de l’Union monétaire d’un retour de l’extrême droite au pouvoir, un scénario largement avancé par les enquêtes d’opinion. Le Premier ministre Giuseppe Conte a démissionné. Pourtant, une entente « institutionnelle » possible entre le Parti Démocrate de Matteo Renzi (centre-gauche) et le Mouvement 5 étoiles pourrait contrecarrer les plans du chef de file de la Ligue en offrant une alternative à l’organisation de nouvelles élections.

Sur le front du Brexit, Boris Johnson multiplie les provocations et les déclarations europhobes, faisant mine de ne pas craindre un no deal le 31 octobre. La rentrée parlementaire du 3 septembre, très attendue outre-Manche, pourrait toutefois redistribuer les cartes et placer le Premier Ministre sur la sellette. Angela Merkel a par ailleurs laissé entendre que Berlin réfléchissait à des « solutions pratiques » au filet de sécurité irlandais, hypocentre du blocage de l’accord de Theresa May par Westminster.

En Allemagne justement, le PIB s’est contracté de 0.1% au deuxième trimestre, menaçant le moteur de l’économie européenne de récession technique en cas de score négatif au T3. Mais dans la foulée, des informations de presse suggèrent que le pays pourrait débloquer une enveloppe de 50 milliards d’euros et renouer avec un budget en déficit en cas de crise.

La BCE se prépare également à sortir l’artillerie lourde. Selon Olli Rehn, membre de l’institution monétaire, il est important d’élaborer « un ensemble de mesures importantes et percutantes pour septembre ». Le gouverneur de la Banque de Finlande assure qu’il est préférable de « dépasser » les attentes du marché plutôt que d’être « en-dessous ».

De l’autre côté de l’Atlantique et en attendant Jackson Hole, Donald Trump enchaine les tweets contre la FED, tel un automate proche de l’implosion. Sous sa chevelure peroxydée, le 45ème président des Etats-Unis estime encore une fois que le pays connaitrait une « croissance forte » si Jerome Powell acceptait de baisser davantage les taux. « C’est le Dollar le plus fort de l’Histoire », a-t-il même lancé dans un mensonge éhonté qu’on pourrait presque qualifier d’involontaire si son fan club n’aimait pas tant s’abreuver des arguments les plus fallacieux.

Graphiquement, l’Euro rallie 1.1071 USD pour la seconde fois de l’année, mais peine à masquer ses hésitations au moment où un nouveau rebond technique tarde à se dessiner. La réaction des officiels face aux menaces qui planent sur les Dix-Neuf nous pousse cependant à penser que la paire pourrait provisoirement consolider, dans l'attente d'une probable offensive de la BCE le mois prochain. Il parait ainsi plus sage d’attendre un potentiel retracement au contact de 1.1271 pour se repositionner vendeur dans le sens de la tendance de fond.