Malgré la vigueur du Dollar liée à la politique de l’administration Trump, la monnaie unique résiste toujours au-dessus de 1.15 USD en l’absence de nouveau catalyseur. Une situation analogue à un sursis plutôt fragile.

Bien que les chiffres de la macroéconomie américaine ressemblent jusqu’ici à la partition d’une symphonie en vert majeur, les gesticulations du chef d’orchestre de la Maison-Blanche continuent d’exaspérer la communauté internationale et interrogent sur l’espérance de vie des couleurs.

Dans la foulée de la publication grisante d’une croissance spectaculaire de +4.1% au T2 en données annualisées, son secrétaire au Trésor Steve Mnuchin a même estimé que les Etats-Unis pourraient connaître une croissance de 3% sur les prochains exercices, un pronostic aux allures d’objectif qui sous-entend un sérieux risque de dérapage budgétaire au sein de la première économie mondiale.

D’ici là, la guerre commerciale bat son plein alors que Donald Trump vient d’accroitre ses menaces à l’égard de la Chine, promettant de taxer l’équivalent de 200 milliards de produits en provenance du géant asiatique non plus à 10 mais à 25%. Pékin accuse Washington de chantage tandis que la Banque populaire de Chine instaure des mesures réglementaires pour enrayer la chute du Yuan.

Premiers retours de bâton déjà visibles pour le protectionnisme américain, le déficit commercial US rebondit en juin sous l’effet combiné d’une chute des exportations de voitures et d’avions et d’une hausse des importations. En juillet, les indices ISM, qui reflètent la santé du secteur manufacturier et de celui des services, ralentissent brusquement outre-Atlantique.

Autre effet pervers, la Réserve Fédérale s’active pour contrôler une inflation qui pourrait mécaniquement déraper avec la hausse des produits importés liée aux représailles des partenaires de l’Oncle Sam. Sans toutefois faire allusion au conflit commercial, l’autorité monétaire s’est félicitée de la « forte croissance » du pays, confirmant implicitement aux investisseurs sa volonté de procéder à une nouvelle hausse de taux dès septembre.

Côté européen, les prix à la consommation progressent de +2.1% sur un an en juillet dans l’Union monétaire, un record depuis 2013, néanmoins tempéré par l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) qui reste loin de l’objectif de la BCE (+1.1% sur un an). Selon une première estimation, la croissance des Dix-Neuf ralentit par ailleurs à +0.3% au deuxième trimestre, contre +0.4% sur les trois premiers mois de l’année. Pas de quoi bousculer la feuille de route résolument prudente de Francfort.

Graphiquement, l’Euro consolide toujours à proximité de ses points bas annuels au sein d’une tendance nettement baissière. Prisonnière d’un couloir de 300 pips depuis plus de deux mois, la devise des Dix-Neuf se heurte désormais au flegme estival et manque cruellement d’élan pour franchir à court terme notre support à 1.1538 USD. Nous continuons cependant à privilégier les ventes sur rebond aux achats spéculatifs à proximité du plancher.