Alors que le Coronavirus accélère sa propagation en dehors de Chine et que les bourses mondiales s’effondrent, la monnaie unique profite des spéculations autour d’une réaction de la FED pour prendre ses distances vis-à-vis de ses récents points bas.

Selon les données du CME, 100% des investisseurs parient désormais sur une réduction d’un demi-point du loyer de l’argent aux Etats-Unis en mars (source : https://www.cmegroup.com/trading/interest-rates/countdown-to-fomc.html). Une proportion qui a drastiquement augmenté alors que Wall Street vient de connaitre sa pire semaine depuis 2008, entrainant l’ensemble des indices mondiaux dans son sillage.

La hausse de l’Euro pourrait sembler paradoxale mais elle reflète simplement les anticipations d’un rééquilibrage des divergences de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique puisque la BCE, qui a déjà recours à des taux nuls ou négatifs, bénéficie d’une marge de manœuvre beaucoup moins importante que son homologue américaine.

Plusieurs facteurs laissent cependant penser que le répit de la monnaie pourrait être de courte durée.

  • Une fois une potentielle intervention de la Réserve Fédérale digérée, les cambistes se focaliseront sur d’autres catalyseurs.
  • Le Covid-19 s’installe progressivement aux quatre coins du globe avec plus de 85000 cas et près de 3000 décès dans un total d’une soixantaine de pays et territoires. Il progresse rapidement au cœur de l’Europe, notamment en Italie, en Allemagne et en France, pénalisant l’activité.
  • Même si certaines statistiques ont quelque peu rassuré en février, l’économie européenne, dépendante des exportations allemandes, semble plus vulnérable que l’Oncle Sam à un fort ralentissement mondial.
  • Le billet vert bénéficie traditionnellement d’un statut de valeur refuge et retrouvera un certain attrait en cas d’aggravation de la situation.
  • Bien que quelques cas aient déjà été détectés aux Etats-Unis, Donald Trump assure que le pays est prêt à éviter une large propagation et, à défaut, à réagir en cas de contagion à « une échelle beaucoup plus grande ».

Les marchés, inquiets quant aux conséquences de l’épidémie sur la croissance mondiale, pourraient vivre une nouvelle semaine noire alors que les indicateurs PMI chinois viennent d’enregistrer leur plus faible niveau historique en février, bien en-deçà des attentes des économistes, pourtant déjà particulièrement pessimistes.

Graphiquement, après avoir enregistré de nouveaux points bas depuis avril 2017, l’Euro rebondit au-delà de 1.10 USD, effaçant en clôture deux résistances successives à 1.0919 et 1.1014. La tendance de la monnaie unique reste cependant baissière sur tous les horizons et les cours actuels sont particulièrement attractifs pour initier de nouvelles ventes de moyen-terme.