Tandis que le billet vert profite à nouveau de son statut de valeur refuge sur fond de crise boursière et de dégringolade des cours du pétrole, la monnaie unique accuse le coup du développement du Coronavirus en Europe.

Promu au rang de pandémie par l’OMS, le Covid-19 progresse en effet très rapidement au sein du Vieux-Continent, nouvel épicentre mondial, avec des dizaines de milliers de contaminations et des centaines de morts, en particulier en Italie et en Espagne, mais aussi en France et en Allemagne. Plusieurs personnalités, y compris politiques, ont contracté la maladie. La plupart des pays de la région ont déclaré l'état d'urgence et annoncé diverses mesures de confinement, incluant la fermeture des écoles et des commerces. Nos dirigeants tardent toutefois toujours à harmoniser leurs actions en matière budgétaire et l’économie de l’Union monétaire pourrait rapidement entrer en récession.

Pour ne rien arranger, la BCE dispose d’une marge d’action extrêmement réduite avec un taux de refinancement déjà nul et un taux de rémunération sur les dépôts négatif (-0.5%). Francfort compte bien favoriser les prêts aux PME et renforcer ses achats de dette publique et privée mais l’influence de telles mesures devrait rester limité. Lors de sa dernière conférence de presse, Christine Lagarde a répété qu’une banque centrale ne pouvait constituer l’unique rempart à une situation de crise, réclamant une « réponse budgétaire ambitieuse et coordonnée » des Etats et regrettant au passage la « complaisance et la lenteur » des gouvernements.

Si la propagation du virus n’est aujourd’hui pas si importante de l’autre côté de l’Atlantique (3668 cas et 68 décès), les Etats-Unis ont en revanche déjà entamé les grandes manœuvres, le gouvernement et la banque centrale combinant leurs efforts. L’Oncle Sam a ainsi annoncé la fermeture de ses frontières aux Européens pour une durée minimum de 30 jours et débloqué des dizaines de milliards de dollars pour soutenir l’activité. Après avoir baissé d’un demi-point son taux directeur sans même attendre sa prochaine réunion, la Réserve Fédérale vient pour sa part d’annoncer qu’elle allait injecter 1500 milliards supplémentaires dans l’économie par l’intermédiaire d’achats de bons du Trésor de longue maturité, non sans avoir été qualifiée au préalable de « minable » et de « lente » par Donald Trump. Les cours ont par ailleurs déjà intégré une nouvelle action de l’institution américaine sur le loyer de l’argent dès le 18 Mars.

Bref, pas vraiment de quoi se ruer sur la monnaie unique qui, rappelons-le une fois encore, n’est pas une valeur refuge. Si la devise européenne a d’abord très largement profité des attentes autour de plusieurs baisses de taux de la FED, les cambistes réajustant leurs positions, la crise sanitaire est devenue financière et menace très sérieusement l’économie réelle. Et en cas de récession majeure, 2008 nous l’a récemment enseigné, une seule devise est recherchée. Ce n’est ni le Yen, ni l’once d’or ou le Franc suisse mais bien le Dollar US.

Graphiquement, l’Euro s’est appuyé sur des points bas depuis avril 2017 pour s’offrir un rebond de plus de sept figures, avant de venir se réinstaller sous une résistance-clé à 1.1399. A l’image d’autres devises comme le Livre Sterling, nous nous attendons désormais à ce que la monnaie unique finisse par trébucher lourdement et nous sommes logiquement vendeurs aux cours actuels dans cette attente.