Guerre commerciale et statistiques en berne de part et d’autre de l’Atlantique profitent au billet vert, recherché en période d’incertitudes, pressant la monnaie unique dans ses plus faibles niveaux des 20 derniers mois.

En Europe, si la BCE tâche de sauver les apparences, le Conseil des gouverneurs reconnait l’augmentation des risques qui pèsent sur l’économie, n’excluant pas un nouveau recours à l’assouplissement quantitatif, sur fond de ralentissement de la croissance (+1.8% en 2018 contre +2.4% en 2017 et une prévision de la CE de +1.3% en 2019) et de l’inflation (+1.4% sur un an en janvier). Les anticipations d’une hausse de taux en 2019 s’amenuisent.
Politiquement, le Brexit reste coincé dans une voie sans issue, à seulement six semaines de l’échéance. L’Italie, en récession, menace de sortir de l’UE. L’Espagne convoque des législatives anticipées.

Aux Etats-Unis, jusqu’ici épargnés par les mauvais indicateurs, la macroéconomie chancelle à son tour, en partie à cause du récent shutdown, tandis que la Réserve Fédérale a promis d’être patiente face à l’accumulation de signaux négatifs. Derniers en date, les ventes au détail enregistrent leur pire recul mensuel en 10 ans (-1.2% d’un mois sur l’autre) alors que la hausse des prix à la consommation ralentit à +1.6% sur un an, contre +1.9% auparavant.

Du côté du conflit commercial qui oppose principalement Pékin et Washington, l’alternance entre discussions sereines et postures vindicatives se poursuit, testant les nerfs des milieux d’affaires et pesant sur l’appétit du risque. Le FMI prévient même qu’une tempête liée aux tarifs douaniers pourrait potentiellement s’abattre sur l’économie mondiale.

Graphiquement, l’Euro, parfaitement respectueux de sa moyenne mobile à 20 semaines, s’affranchit en clôture hebdomadaire d’un support majeur (1.1307 USD), une configuration inédite depuis juin 2017. Les prochains seuils techniques à surveiller sont désormais 1.1183 et 1.0926 USD.