Finies les divergences de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique. FED et BCE agissent de concert pour combattre les conséquences sur l’activité mondiale du Covid-19, élevé au statut de « crise sanitaire mondiale majeure de notre époque » par l’OMS.

Sans attendre sa réunion prévue le 18 mars, la banque centrale américaine a frappé la première en ramenant, en deux temps, son taux directeur proche de zéro, une situation inédite depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008 : abaissement d’un demi-point d’abord, dès le 3 Mars, puis réduction du loyer de l’argent de 1.0% supplémentaire douze jours plus tard. La Réserve Fédérale va par ailleurs injecter l’équivalent de 1500 milliards de dollars dans l’économie par l’intermédiaire de rachats de bons du Trésor à plus longue maturité qu’elle ne le faisait jusqu’ici.

D’abord embourbée dans une gigantesque erreur de communication en n’agissant pas sur ses taux ou en accusant les gouvernements de complaisance, la BCE a de son côté fini par dévoiler un plan d’urgence de 750 milliards d’euros dans la nuit du 17 au 18 mars. Celui-ci s’ajoute aux 120 milliards précédemment annoncés et va se matérialiser par des rachats de titres de dette publique et privée qui s’étendront jusqu’à fin 2020. « Les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire » a lâché Christine Lagarde.

Les deux grandes banques centrales, accompagnées par quatre autres autorités monétaires de premier plan (Japon, Angleterre, Suisse et Canada), ont enfin coordonné leurs efforts le 20 mars dernier pour faire face à la pénurie de dollars qui déstabilisait les financements de dettes libellés en billets verts.

Graphiquement, l’Euro a d’abord profité des baisses de taux aux Etats-Unis pour prendre ses distances vis-à-vis de points bas de trois ans. Essai non transformé sous l’effet d’un double effet alors que les dollars manquent à l’appel et que la devise américaine profite pleinement de son statut de valeur refuge en temps de crise. Sous 1.0830, la monnaie unique s’est donc ouvert la voie d’une franche accélération sous 1.07, menaçant désormais un support de long terme à 1.0446, lequel n’a plus cédé en clôture hebdomadaire depuis 2002.