Bien que la monnaie unique ait récemment profité du repli du Dollar pour prolonger son rebond technique, le tableau fondamental et technique demeure nettement défavorable au Vieux-Continent et l'émergence de nouveaux dégagements menace de plus belle.

A la faveur d'un consortium annuel sans saveur à Jackson Hole, où le président de la FED Jerome Powell s'est bien gardé de répondre aux critiques de Donald Trump ou d'évoquer le risque commercial, le billet vert, valeur refuge par excellence, a commencé à se détendre un peu.

L'accord conclu dans la foulée avec le Mexique dans le cadre des négociations au sujet du traité de libre-échange nord-américain (Aléna) a alimenté l'appétit pour le risque alors que les observateurs constatent que la Maison-Blanche peut parvenir à des accords malgré ses provocations répétées.

Des discussions sont par ailleurs toujours en cours avec le Canada ou la Chine.

Pendant ce temps-là, Donald Trump s’ennuie et se divertit en attaquant l’UE, qu’il compare à la Chine, en « plus petit », et sur l’Organisation Mondiale du Commerce, qualifié de « pire accord commercial jamais conclu » et qu’il menace de quitter.

Si l'Euro a d’abord bénéficié de quelques arbitrages, l'Italie et surtout la Turquie, sur fond de dégringolade générale du cours des devises émergentes, continuent de menacer la stabilité de l'Union monétaire.

En Italie, le gouvernement, déjà suspecté de potentielles largesses budgétaires, met désormais la pression sur Bruxelles en évoquant la possibilité de discuter l’ampleur de sa contribution communautaire, sur fond de nouveaux désaccords sur la question des migrants.

Du côté d'Ankara, l'agence de notation Moody's enfonce un peu plus la Livre en dégradant la note d'une vingtaine d'institutions financières turques. Un vice-gouverneur de la banque centrale démissionne.

Sur le front macro, les Etats-Unis affirment toujours leur suprématie. La croissance américaine pour le deuxième trimestre vient d'être révisée en hausse de +4.1 à +4.2% à l'occasion de la publication d'une deuxième estimation. L'indicateur PCE, baromètre d'inflation favori de la FED, pointe à +2.3% sur un an en juillet, un record en six ans, et la confiance des consommateurs surpasse les anticipations en atteignant au mois d'Août un niveau inédit depuis octobre 2000.

Dans l'Euroland en revanche, la hausse des prix à la consommation recule en dépit des attentes. L'inflation sous-jacente baisse notamment de +1.1 à +1.0% sur un an en Août.

Graphiquement, l'Euro s'est offert une marge de sécurité vis-à-vis de ses récents points bas mais il est difficile d'imaginer la monnaie unique parvenir à préserver ses niveaux actuels sans peine. Si 1.1641 USD est franchi à la baisse en clôture quotidienne, la tendance de fond pourrait rapidement reprendre ses droits.