Les romantiques voyaient déjà en elle la nouvelle valeur refuge du marché des changes. Pourtant une fois les divergences de politique monétaire rééquilibrées, la monnaie unique a immédiatement cessé de faire illusion, regagnant ses niveaux d’avant crise, puis effaçant même de nouveaux supports.

La psychose monte encore d’un cran sur l’ensemble des marchés. La propagation du Covid-19, désormais qualifiée de « crise sanitaire mondiale majeure de notre époque » par l’OMS, affole la planète et panique les bourses mondiales.

Plusieurs pays évoluent désormais au rythme du confinement pour favoriser l’endiguement de la contagion tandis que les gouvernements et les banques centrales redoublent d’efforts pour soutenir des économies qui tournent de fait au ralenti.

Aux Etats-Unis, en plus des 1500 milliards de dollars de rachats de titres déjà promis, La FED a ramené son taux directeur proche de 0 en abaissant le loyer de l’argent de 100 nouveaux points de base (-1.0%), une situation inédite depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008. Un plan de 1300 milliards se négocie par ailleurs actuellement à Washington.

En Europe, les Etats s’organisent également pour lutter contre le virus mais se heurtent toujours au problème de l’harmonisation des mesures budgétaires. A Francfort, La BCE rectifie néanmoins le tir après une dernière réunion très contestée car « les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire » selon Christine Lagarde. Dans le cadre d’un plan d’urgence massif, l’institution monétaire va donc racheter 750 milliards d’euros de titres de dette publique et privée d’ici fin 2020, ce qui s’ajoute aux 120 milliards déjà promis la semaine passée.

Tous les éléments d’une bonne tempête boursière sont donc désormais réunis, en conséquence de quoi seul le Dollar garde provisoirement la cote sur les changes.

Sept pas en avant, huit pas en arrière pourrait résumer le parcours graphique de l’Euro depuis fin Février. Rebond de quelques 700 points d’abord jusqu’au contact de 1.15 USD. Dégringolade de 8 figures ensuite, au-delà de ses récents points bas dans des niveaux inédits depuis la campagne présidentielle française de 2017. Pour les vendeurs, il est temps d’encaisser ses bénéfices et de s’accorder un peu de recul.