Les investisseurs ont retrouvé de l'appétit pour les valeurs européennes ces derniers jours au point d'autoriser un regain de surperformance de l'Eurostoxx par rapport aux indices phares internationaux, observe Véronique Riches-Flores. Il est vrai que l'Europe est, pour une fois, plutôt en avance sur ses partenaires occidentaux avec, quoi qu'on en dise, une bonne maîtrise de l'épidémie de coronavirus et des réponses de politique économique, à ce jour, plutôt efficaces, en comparaison du cas américain tout au moins, souligne l'économiste.

Le déconfinement est donc lancé et, dans son sillage, les signes de reprise palpables. Manquait, pour passer le cap, l'élimination des risques chroniques sur la survie d'une union monétaire ensevelie sous les dettes que la BCE et la Commission sont finalement parvenues à endiguer.

Pour Véronique Riches-Flores, il ne manque plus grand-chose pour convaincre des investisseurs croulant sous les liquidités que le risque vaille la peine d'être pris. Dont acte ; après tout, quitte à s'exposer aux marchés d'actions, l'Europe dispose d'atouts valables aujourd'hui. L'économiste s'interroge : jusqu'où ce raisonnement est-il néanmoins recevable ?

Selon elle, les risques de déception sont susceptibles de se manifester à tout moment en dépit de configurations techniques attrayantes. En cela trois points particulièrement importants sont à surveiller.

Premier point : la validation des avancées européennes sur le front budgétaire, laquelle est encore largement incertaine au vue des réticences exprimées par le groupe des pays " frugaux ".

Deuxième point : la solidité des indices américains, qui conditionnera, c'est à peu près certain, les chances de poursuite de la hausse des indices européens. Or, la situation de l'économie américaine est loin d'être encourageante et le vif regain de tensions commerciales entre D. Trump et Xi Jinping n'arrange pas les choses. Il y a là un risque majeur de prise de bénéfices susceptible d'affecter les valeurs du Nasdaq en tout premier lieu, au vu des menaces que représentent tout à la fois la détérioration du contexte commercial et les attaques répétées du président américain à l'égard des réseaux sociaux.

Troisième point : le moment à partir duquel, les marchés ne pourront plus ignorer le coût structurel de la crise et la nécessité de reconsidérer le scénario implicite de reprise aujourd'hui envisagé. Difficile de prédire avec précision combien de temps cela prendra mais on peut imaginer que l'exigence de résultats augmentera rapidement une fois les mesures de confinement plus largement levées dans les principales économies de la planète, soit probablement à partir du début de l'été.