New York (awp/afp) - Les majors pétrolières américaines ExxonMobil et Chevron, touchées de plein fouet par le plongeon des cours du brut généré par la pandémie de coronavirus, ont perdu des milliards de dollars au deuxième trimestre et prévoient de continuer à réduire les coûts dans les mois à venir.

ExxonMobil a subi une perte nette de 1,1 milliard de dollars. C'est la deuxième fois seulement depuis la fusion d'Exxon et Mobil en 1999 que la société, déjà dans le rouge au premier trimestre, perd de l'argent.

Chevron, qui a inscrit dans ses comptes plusieurs charges liées à la baisse des cours du pétrole, a subi une perte nette de 8,3 milliards de dollars.

Les mesures de restrictions imposées au printemps pour tenter d'enrayer la propagation du Covid-19 ont drastiquement freiné les trajets en avion et en voiture, et temporairement mis à l'arrêt nombre d'usines utilisant par exemple du plastique.

Alors que l'offre d'or noir sur le marché mondial restait abondante, la demande en énergie s'est effondrée, faisant temporairement chuter le prix du baril de WTI coté à New York jusqu'à -37 dollars en avril.

Il s'est par la suite redressé mais aux alentours de 40 dollars actuellement, il reste à des niveaux que beaucoup d'observateurs estiment trop bas pour que l'activité de la plupart des producteurs de pétrole soit rentable.

Même si ExxonMobil a vu sa production reculer de seulement 7% sur la période, à l'équivalent de 3,6 millions de barils de pétrole par jour, son chiffre d'affaires a été divisé par plus de deux, à 32,61 milliards de dollars.

Le groupe s'est engagé dans des mesures d'économies drastiques.

Il s'est notamment fixé en avril l'objectif de réduire ses dépenses d'investissement de 30% en 2020 à 23 milliards de dollars. Il estime pouvoir aller plus loin, et descendre à moins de 19 milliards de dollars en 2021.

ExxonMobil dit avoir identifié de potentiels réductions de coût supplémentaires mais ne souhaite pas en donner le détail pour le moment. La major ne prévoit pas a priori de s'endetter encore plus.

Neil Shapman, qui supervise l'activité d'exploration et d'exploitation du brut, a estimé lors d'une conférence téléphonique qu'il y avait des "raisons d'être encouragés".

Le groupe prévoit que la demande en carburant pour les transports terrestres reviendra à la normale au quatrième trimestre. La reprise de la demande pour les avions sera "probablement beaucoup plus lente", a-t-il toutefois ajouté.

Défis uniques

Chevron a de son côté inscrit dans ses comptes une charge de 1,8 milliard de dollars liée au plongeon des cours du brut, une charge de dépréciation de 2,6 milliards de dollars sur ses actifs au Venezuela et une autre de 780 millions de dollars liée au départ d'employés.

"Les derniers mois ont présenté des défis uniques", a commenté le PDG Michael Wirth, dans un communiqué. "Compte tenu des incertitudes liées à la reprise économique et à l'offre abondante en pétrole et en gaz, nous avons révisé à la baisse nos perspectives sur les prix des matières premières, ce qui a entraîné des dépréciations d'actifs et d'autres charges", a-t-il expliqué.

D'autres géants du pétrole ont procédé de même: en raison notamment de lourdes dépréciations, le groupe français Total a enregistré une perte nette de 8,4 milliards de dollars tandis que Royal Dutch Shell a subi une perte nette de 18,1 milliards de dollars.

Chevron reste prudent pour les mois à venir, estimant que "si la demande et les prix des produits de base ont montré des signes de reprise, ils ne sont pas revenus aux niveaux d'avant la pandémie" et "les résultats financiers pourraient continuer à être déprimés au troisième trimestre 2020".

"Personne ne sait à quoi va ressembler la reprise", a souligné le directeur financier Pierre Breber lors d'une conférence téléphonique. "Cela va prendre du temps à se redresser et nos produits sont vraiment corrélés à l'activité économique".

Cela n'a pas empêché le groupe de récemment miser gros sur l'avenir, Chevron ayant racheté pour 5 milliards de dollars le producteur de pétrole et de gaz naturel Noble.

afp/rp