New York (awp/afp) - Les constructeurs automobiles ont annoncé mercredi des chutes de ventes de voitures neuves au premier trimestre aux Etats-Unis d'une ampleur plus vue depuis la crise financière, une déconvenue attribuée au nouveau coronavirus qui paralyse l'activité économique depuis mars.

Des membres du "Big Three" de Detroit à Toyota en passant par Volkswagen, le bulletin de santé du secteur est alarmant car les usines sont à l'arrêt et les consommateurs sont chez eux par respect des mesures de confinement ou parce qu'ils ont perdu leur emploi.

Les nouvelles immatriculations de General Motors (GM) ont baissé d'environ 7% sur les trois premiers mois de l'année par rapport à la même période l'an dernier, à 618.335 automobiles.

Le recul a été de 10,4%, à 446.768 unités, pour FCA US, ex-Chrysler ont indiqué les constructeurs dans des communiqués distincts.

Dans les deux cas, la baisse est plus importante que prévu: le cabinet spécialisé Edmunds.com anticipait un recul de seulement 4,3% pour GM et de 7,1% pour FCA US.

"L'industrie a fait face à un déclin important en mars dû à l'épidémie de Covid-19", a expliqué GM, parlant de "temps incertains".

Fiat Chrysler, propriétaire des marques Jeep et RAM, souligne pour sa part avoir observé deux courbes.

Il y a d'abord eu une hausse solide des ventes en janvier et en février, soit une période au cours de laquelle très peu de cas de coronavirus s'étaient déclarés aux Etats-Unis, détaille le groupe.

Ensuite, un effondrement des ventes en mars, mois marqué par des annonces de mesures de confinement aux Etats-Unis pour endiguer la propagation de la maladie causée par le nouveau coronavirus, qui a déjà fait des milliers de morts à travers le globe.

Ford doit publier son bilan trimestriel jeudi.

Le pire est à venir

C'est aussi la débandade chez les constructeurs étrangers présents sur le marché américain.

Le nippon Toyota, troisième groupe automobile local en parts de marché, a vu ses ventes trimestrielles diminuer de 8,8%, à 495.747 unités. La chute est inédite sur le seul mois de mars, de l'ordre de 36,9%.

Les dégâts sont plus importants chez Nissan, dont les ventes trimestrielles ont plongé de 29,6%, à 257.606 voitures, tandis que Volkswagen a vu ses nouvelles immatriculations reculer de 13%, à 75.075 exemplaires.

Le marasme n'épargne pas le haut de gamme: les ventes de Porsche sont en déclin de 20,2% et celles de Mercedes-Benz de 50%.

"Le monde a été chamboulé et malheureusement l'industrie automobile n'est pas immunisée contre les dégâts économiques sans précédent causés par la pandémie", relève Jessica Caldwell, experte chez Edmunds.com.

Dans l'ensemble, les ventes des trois premiers mois de l'année devraient être les plus faibles d'un premier trimestre depuis 2012, anticipe Edmunds.com.

Les chiffres officiels, publiés par le cabinet Autodata, devraient tomber jeudi.

La situation pour le secteur automobile, qui a connu des années de ventes record depuis 2014, va continuer à se dégrader dans les prochains mois, s'accordent les experts.

Les constructeurs américains ont fermé leurs usines aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Or les stocks sont en train de diminuer. Fin mars, les inventaires de GM n'étaient que de 668.443 unités, en baisse de 18% comparé à il y a un an.

Les cortèges de licenciements et annonces de mesures de chômage technique, auxquels s'ajoutent les incertitudes sur un retour à la normale, sont en outre de nature à dissuader les consommateurs d'effectuer de gros achats.

La plupart des concessionnaires ont par ailleurs fermé.

Le mois d'"avril va connaître probablement un déclin historique (en termes de ventes), principalement à cause d'une perte de confiance des consommateurs et d'une hausse substantielle du chômage", estime Charlie Chesbrough, économiste en charge des questions automobiles chez Cox Automotive.

"Cette tendance devrait probablement s'étaler à l'été. C'est donc au deuxième trimestre qu'on va véritablement mesurer l'impact du Covid-19 sur l'économie et l'industrie automobile", ajoute-t-il.

Pour limiter la casse, les groupes automobiles et des concessionnaires proposent aux consommateurs d'acheter leurs voitures en ligne et offrent des crédits auto à taux zéro et allongent les échéances de remboursement.

afp/rp