100 ans après sa création, le groupe familial Maisons France Confort, qui passera le flambeau à la 5ème génération d’ici 2022, se rebaptise Hexaôm. Un nouveau nom adopté alors que le Groupe opère sa mue pour moins dépendre du cycle de la construction de maisons neuves et des aides à l’accession qui l’accompagnent. L’évolution du statut boursier du titre, lui, prendra plus de temps. Entretien avec Patrick Vandromme, P-DG d’Hexaôm.

Patrick Vandromme, comment s’est passée cette Assemblée Générale 2019 un peu particulière ?
"Nous avons reçu nos actionnaires pour la première fois au siège du Groupe, que nous venons d’inaugurer. Cette Assemblée Générale a permis d’entériner le nouveau nom du Groupe, Hexaôm, reflet de la diversification de notre offre opérée ces dernières années. En plus de notre métier historique, la construction de maisons individuelles, que nous allons focaliser sur les maisons moyen-haut de gamme, nous avons structuré un pôle rénovation B2C et B2B, une activité d’aménagement foncier en périphérie des villes, et une activité de promotion en Ile de France, détenue à 51% aux cotés de 3 grands professionnels de la promotion".

Pourquoi avoir opéré cette diversification alors que votre activité historique continuait de croître et de dégager une forte rentabilité ? Cela traduit-il la vision de la 5ème génération de dirigeants ?
"L’évolution de notre stratégie s’est faite progressivement et est appelée à s’accélérer avec la montée en puissance de la 5ème génération. Nous avons pris conscience que notre Groupe était trop dépendant du marché de la construction de maisons individuelles, avec tous ses aléas, fiscaux notamment. Leader depuis 2012 avec une part de marché en progression continue, à 9,1%, nous avons souhaité diversifier notre offre de construction, de rénovation et d’extension de l’habitat pour réduire notre dépendance au cycle de la construction de logements en diffus et aux aides de l’Etat. De plus, la tendance à la densification de l’habitat est durable et notre nouvelle offre y participera pleinement. Nous assistons aujourd’hui à une concentration de la population autour des métropoles et des bassins d’emplois. Nous devons maîtriser le terrain dans les zones périurbaines pour pouvoir construire des maisons individuelles. Cela justifie notre accélération dans l’aménagement foncier".
 

Parts de marché estimées par Hexaôm, par département (Source présentation société mars 2019)

Sur quel marché de la construction et de la rénovation ne souhaitez-vous pas vous positionner ?
"Nous sommes présents sur la quasi-totalité des marchés de la construction et rénovation immobilières. Dans la construction, notre offre est globale dans les périphéries urbaines. Intra-muros, elle se limite à notre activité complémentaire de promotion en Ile-de-France, avec la société Hibana. Dans la rénovation, nous sommes n°1 de la rénovation au service des particuliers à travers nos filiales Camif Habitat, Rénovert et lllico Travaux, et souhaitons le devenir dans la rénovation au service des professionnels au travers de l’Atelier des Compagnons et d’acteurs que nous sommes amenés à fédérer".

Bien que toujours élevé, la rentabilité des capitaux investis par le Groupe a chuté depuis une dizaine d’années. Comment l’expliquez-vous ?
"Cela tient à l’évolution de la marge opérationnelle du Groupe. En effet, les nouveaux métiers, mise à part l’activité de promotion, ne sont pas plus capitalistiques. Si l’on regarde métier par métier, la construction de maisons individuelles doit revenir à une profitabilité opérationnelle normative de 6 à 7%. Quant à nos relais de croissance, ils doivent tendre à terme vers le même type de marge opérationnelle que notre métier historique, contre un niveau proche de l’équilibre en 2018 du fait de leur nécessaire structuration. La rénovation B2B, qui bénéficie d’une marge sur coûts variables un peu plus élevée, doit même pouvoir dégager une marge opérationnelle de 8%. Cela prendra du temps car nous devons en priorité faire face à la très forte croissance de cette activité. Cependant, nous devrions atteindre les 3% de marge opérationnelle dès cette année sur un chiffre d’affaires d’au moins 90 millions d’euros, et les 5% en 2020 sur un CA de 120 ME". 
 

Les objectifs 2019 de la société

Comment se porte votre activité en ce début d’année ?
"Les chiffres du premier trimestre publiés début mai confortent nos prévisions annuelles. Sur la construction de maisons individuelles, nous attendons une production stable cette année, et notre carnet de commandes affiche une croissance de 11,4% en valeur à fin mars, dans un marché en recul de 7,3% sur les 12 derniers mois glissants à fin mars. Notre part de marché s’accélère sur notre métier historique. Le centenaire du Groupe n’est pas sans effet sur la motivation de nos équipes et sur notre image auprès des clients. La visibilité de notre carnet de commande est à un an dans la construction de maisons individuelles, près d’une année dans la rénovation BtoB, et 6 à 8 mois dans la rénovation BtoC, ce qui nous permet de viser 50% de croissance cette année dans le BtoB et 15% de croissance dans le BtoC, à 55 M€. Quant à la promotion, les premiers revenus sont pour 2020 et l’objectif est d’atteindre 100 M€ en 2023".

Le Groupe a toujours agi comme un consolidateur du marché. Sur quel métier comptez-vous mettre l’accent en la matière ?
"Dans la construction de maisons, nous sommes à présents sur la quasi-totalité du territoire national et notre position de leader incontesté suffira à renforcer nos parts de marché via la croissance organique, ce qui ne nous interdira pas quelques opérations opportunistes. Les acquisitions devraient donc être concentrées sur la rénovation BtoB et BtoC et sur l’aménagement foncier. Nous nous intéresserons surtout aux affaires structurées dont la croissance est bien maîtrisée".

L'Auteur est actionnaire de la société à titre personnel.