La roue tourne pour Iliad. L'ancien trublion des télécoms français rentre dans le rang et se retrouve confronté aux mêmes problèmes que les autres acteurs en place : acquisition d'abonnés plus difficile, difficultés à se démarquer, investissements accrus dans les infrastructures… Les signaux sont passés à l'orange depuis plusieurs mois déjà pour les investisseurs. Ils ont viré au rouge ce 14 mai, avec la publication des chiffres du premier trimestre, qui provoquent des très lourds dégagements boursiers, avec un titre qui s'effondre de plus de 16% sous les 140 euros.
 

Le parcours boursier d'Iliad est très difficile depuis le mois de mars

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase ce matin, c'est la contraction de 20.000 clients enregistrée entre la fin 2017 et le 31 mars chez les abonnés fixe, assortie d'une contraction de la dépense moyenne par abonné. Free est en quelque sorte victime du système qu'elle a mis en place : la concurrence a mis du temps à s'organiser, mais elle est désormais rompue aux joutes commerciales et se permet même parfois d'être plus agressive que l'ex-agitateur. Le chiffre d'affaires du fixe est d'ailleurs en légère contraction au premier trimestre, malgré le renforcement des abonnés à la fibre. La filiale d'Iliad conserve une certaine dynamique dans le segment mobile, où la simplicité de ses offres lui permet de gagner des parts de marché. Free Mobile représente désormais un peu plus de 19% du parc français. Mais la croissance du chiffre d'affaires se limite à 3,9%, ce qui est désormais loin, et c'est logique, des progressions antérieures.

Un quintet aux commandes opérationnelles

Les dirigeants ont bien senti qu'il fallait du sang neuf. C'est pourquoi ils ont annoncé dès hier soir l'arrivée à la direction générale de Thomas Reynaud, tandis que Maxime Lombardini se concentre sur la présidence. Dans le cadre de son entrée en poste le 21 mai, le futur directeur général a procédé à quatre nominations (DAF, DRH, Marketing, Secrétariat général) pour se constituer une équipe de choc. Le lancement de l'offre mobile en Italie va aussi permettre de détourner un peu l'attention du marché français, mais c'est à double tranchant : Free y est attendu de pied ferme par les acteurs en place et sait qu'il sera impossible de réitérer la révolution provoquée par son lancement dans l'hexagone. Qui plus est, les investisseurs attendent le groupe au tournant : la progression des abonnements a intérêt à être à la hauteur des attentes. Le grand saut en Italie aura lieu d'ici au 21 juin prochain.

Enfin, Free doit aussi se réinventer dans le fixe. Les équipements de la société ont été dépassés par ceux de ses rivales sur certains points. En d'autres termes, elle a perdu sa "box avantage". Mais une offensive est prévue avec la sortie d'un nouveau terminal dès la rentrée prochaine. Là aussi, l'exercice est périlleux car les attentes sont élevées et qu'il est plus compliqué d'innover qu'il y a dix ans dans le domaine des box. Pour patienter jusque-là, de nouvelles offres vont être lancées : rapidement dans l'internet fixe et d'ici un mois dans le mobile, a promis le groupe.

La zone de turbulence risque de se prolonger pour Iliad, jusqu'à ce que des éléments tangibles de retour à la croissance émergent. Notre base propriétaire Market Screener montre bien les faiblesses actuelles du dossier : les révisions de projections sont très négatives. La qualité des publications laisse grandement à désirer et la visibilité est mauvaise.
 

Mais où est passée la qualité des publications ?