(Actualisation: commentaires des dirigeants, cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Iliad, maison mère de l'opérateur de télécommunications Free, a présenté mardi son plan stratégique "Odyssée 2024" devant ouvrir "un nouveau cycle de croissance et d'innovation" et faire oublier une année 2018 de transition, marquée par une perte d'abonnés.

"Après avoir cassé tous les codes du secteur des télécoms en France, nous avons baissé notre garde car nous étions trop sûrs de nous, arrogants et cette mentalité nous a fait commettre des erreurs, nous avons aussi raté des opportunités", a reconnu Xavier Niel, fondateur et vice-président du conseil d'administration d'Iliad, lors d'une rencontre avec les investisseurs.

En France, Iliad compte renforcer son statut de premier opérateur alternatif dans la fibre en visant, à horizon 2024, 30 millions de prises raccordables et plus de 4,5 millions d'abonnés, contre 1,13 million à ce jour.

Dans le mobile, le groupe fondé et contrôlé par Xavier Niel a pour ambition de devenir un acteur de référence dans le très haut débit 4G et 5G, en s'appuyant sur un réseau qui devrait comptabiliser 25.000 sites dans cinq ans. Il compte porter la part des clients ayant souscrit au forfait Free 4G illimité à 80% de ses abonnés mobiles en France en 2024, contre 58% actuellement. Le but étant d'accélérer la stratégie de montée en gamme.

Toujours en France, Iliad a annoncé viser pour 2024 un chiffre d'affaires compris entre 400 et 500 millions d'euros sur le marché des entreprises. A cet horizon, sa part de marché sur ce segment valorisé quelque 10 milliards d'euros devrait s'établir entre 4% et 5%. Cet axe de développement "n'est pas encore pris en compte par les investisseurs", a indiqué Bryan Garnier, qui confirme sa recommandation à "acheter" sur la valeur.

En Italie, la maison mère de Free espère réaliser un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros "à long terme" et atteindre l'équilibre en matière d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) avec une part de marché inférieure à 10%. Interrogé lors d'une conférence téléphonique, Thomas Reynaud, directeur général d'Iliad, a déclaré qu'"aucune décision n'a été prise" concernant le futur lancement d'une offre fixe en Italie. "Il serait légitime d'envisager le lancement d'une offre fixe en Italie car ce segment présente des synergies avec le mobile et les offres convergentes relèvent d'une certaine logique", a toutefois ajouté le dirigeant.

Ce plan stratégique s'inscrit dans un contexte de retour à la croissance pour Iliad. Au premier trimestre de cette année, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 1,29 milliard d'euros, en amélioration de 7,7%, sous l'effet du lancement en 2018 de son offre mobile en Italie et de la reprise de la croissance en France.

Sur son marché domestique, Iliad a augmenté de 1% ses revenus le trimestre dernier, profitant de la nette hausse des ventes d'équipements (+30,4%) et notamment de sa Freebox Delta. Dans les services, son chiffre d'affaires s'est stabilisé à 1,21 milliard d'euros (-0,4%) alors que la croissance a atteint 2,3% dans le mobile et que l'activité a souffert dans le fixe (-2,7%) du fait de la perte de 16.000 abonnés.

En Italie, où l'opérateur dénombre désormais 3,31 millions d'abonnés, l'opérateur télécoms a enregistré un chiffre d'affaires de 81 millions d'euros au premier trimestre.

Iliad s'est par ailleurs donné les moyens de financer sa nouvelle feuille de route. Le groupe est entré en négociations exclusives avec la société espagnole Cellnex en vue de lui céder 70% du capital de la société regroupant ses antennes mobiles en France, soit 5.700 sites, et 100% de l'entité possédant 2.200 sites comparables en Italie.

Le montant initial de cette transaction est estimé à 2 milliards d'euros, dont 1,4 milliard d'euros pour les seuls actifs français. Pour Oddo BHF, la vente des antennes mobiles à Cellnex a été "bien négociée" et cette monétisation reste "plutôt une bonne nouvelle".

Une partie de cette manne sera également utilisée pour réduire l'endettement "d'un tour d'Ebitda" selon Thomas Reynaud. A la fin 2018, la dette nette de l'opérateur télécoms représentait 2,3 fois son Ebitda.

Selon les analystes, ces fonds pourraient également servir à financer l'acquisition des fréquences 5G en France ou d'éventuelles acquisitions dans le segment des entreprises.

L'annonce de ce plan stratégique est bien accueillie par les investisseurs. A la Bourse de Paris, l'action Iliad signe la plus forte hausse de l'indice SBF 120 mardi en accélérant de 5,7%, à 99,70 euros.

Mais les dirigeants du groupe refusent de céder à l'euphorie. "Nous sommes au début d'un nouveau cycle et le succès du plan dépendra avant tout de sa qualité d'exécution", prévient Thomas Reynaud.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV - ECH

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