Créé en 2011 et en Bourse depuis juillet 2018 à l’occasion d’une levée de 2 M€, Invibes est une ad-tech remarquable par sa croissance organique hors normes. L’enjeu actuel des deux associés fondateurs, détenteurs d’un tiers du capital, est de couvrir la carte européenne tout en maitrisant les investissements. Alors, la société pourra lever le pied et devenir profitable... Entretien avec son PDG, Nicolas Pollet.

Nicolas Pollet, quelle est l’origine d’Invibes Advertising ?

"Nous avons créé en 2011 cette société technologique du secteur de la publicité digitale avec l’intuition que la publicité sur internet pouvait être durablement efficace en étant non intrusive, et même agréable au lecteur. Le format in-feed, porte d’entrée vers la vidéo, répondait à cette attente. Intégré dans les contenus média, inspiré des réseaux sociaux et optimisé pour une diffusion sur un réseau fermé de sites média, la publicité personnalisée insérée dans le flux de lecture a trouvé sa place et ne cesse d’innover depuis. Nous éditorialisons nos insertions afin de rendre la publicité positive pour l’utilisateur, mobinaute dans plus de 80% des cas. Invibes se situe entre les éditeurs de sites comme Bertelsmann, Hearst, Lagardère et les grandes marques telles que Mercedes, Samsung, Air France ou IBM, pour ne citer qu’eux. Le démarrage du projet d’entreprise a été compliqué les premières années car il a fallu convaincre un nombre critique d’annonceurs et d’éditeurs. Aujourd’hui, nous avons l’écosystème et la technologie qui permettent à notre plateforme développée depuis 8 ans d’accélérer sa montée en puissance, en France et à l’international."

Source : société

Quelle concurrence rencontrez-vous sur votre marché ?

"Nous sommes positionnés sur le branding, et en cela nous nous différencions des liens sponsorisés situés en bas de page sur les sites, qui visent essentiellement à générer du click, de la performance. Le branding représente 30% d’un marché de la publicité digitale, laquelle pèse en France 1 milliard d’euros une fois retirés les 80% du marché occupés par les GAFA. Notre concurrent le plus proche est Teads (n.d.l.r. : qui appartient au Groupe Altice) qui est beaucoup plus gros avec un CA de 365 M€ en 2018, contre près de 10 M€ pour Invibes. Maintenant que nous avons la technologie, nous devons ouvrir de nouveaux pays européens au plus vite afin d’offrir des campagnes internationales et d’augmenter la productivité par tête."

Source : société

Dans cette course à la couverture géographique, comment arbitrez-vous entre la croissance et la profitabilité ?

"C’est tout le dilemme. Avec mon associé, nous avons choisi de délivrer le maximum de croissance tout préservant un Ebitda annuel positif, ce qui nous semble être une saine règle financière. Nous ne chercherons donc pas la croissance à tout prix, en signant des contrats dilutifs sur les marges, et en même temps nous avons des problématiques d’effet d’échelle qui nous poussent à croitre pour atteindre à terme une forte profitabilité. Nous avions atteint la taille critique en France en 2017 avec 30 personnes. Aujourd’hui nous sommes un peu plus de 80, et le prochain pallier sera l’atteinte d’une centaine de personnes, en recrutant des commerciaux à l’international, sans relâcher sur la R&D afin de rester très innovants."

Comment comptez-vous élargir votre couverture géographique ?

"Après la France, l’Espagne, l’Allemagne et la Suisse, nous allons ouvrir très prochainement le Royaume-Uni, l’Italie et l’Autriche. Cela nous permettra de proposer aux marques internationales des campagnes pan-européenne, avec à la clé un accroissement naturel du budget moyen pour un investissement commercial et technologique quasi identique. Les investissements nécessaires seront mesurés car essentiellement limités au recrutement de 4 à 5 personnes par pays ouvert, dont 3 commerciaux, avec une génération de revenus au bout de 2 à 3 mois. Le financement de ces ouvertures s’appuiera sur notre situation de trésorerie nette positive de 0,7 M€ à fin juin et sur les 2 à 2,5 M€ d’augmentation de capital sécurisée depuis octobre auprès du fonds Generis Capital Partners, à un cours compris entre 5,5 et 8€. Au cas où des opportunités de croissance externe se présenteraient, nous aurions la possibilité de recourir, très raisonnablement, à l’endettement. "

Evolution du chiffre d’affaires d’Invibes Advertising (source : société)

Invibes vient de publier un CA 9 mois de 5,9 M€, en hausse de 99% dont +61% en organique. Pourquoi ce ralentissement de la croissance organique sur le dernier trimestre ?

"Ce ralentissement de la croissance du périmètre historique, à +19%, est à relativiser car le T3 est traditionnellement le plus petit trimestre dans notre secteur. Une bonne partie du CA annuel est concentré sur la période allant de mi-septembre à décembre, qui s’annonce très bien. Nous avons signé ce trimestre de nouvelles grandes marques internationales et renforcé la puissance de l’offre avec l’intégration de nouveaux éditeurs. Le déploiement du Groupe à l’international en cette fin d’année devrait nous permettre de franchir en 2020 une nouvelle étape de croissance dans notre trajectoire de croissance."

Source : société