PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ipsen a révisé en baisse jeudi ses prévisions de chiffre d'affaires et de marge opérationnelle des activités pour l'exercice 2022, alors que le laboratoire pharmaceutique est pénalisé par le retard accusé dans le développement de son candidat-médicament palovarotène, qui a entraîné la compabilisation d'une perte de valeur partielle de 669 millions d'euros avant impôt dans ses comptes 2019.

Pour 2022, Ipsen anticipe désormais un chiffre d'affaires supérieur à 2,8 milliards d'euros et une marge opérationnelle des activités supérieure à 30% des ventes. A l'occasion d'une journée dédiée aux investisseurs organisée en mai, Ipsen avait initialement annoncé viser un chiffre d'affaires d'environ 3,2 milliards d'euros et une marge opérationnelle des activités supérieure à 32% en 2022.

Ipsen prévoit pour cette année une croissance de ses ventes supérieures à 6% à taux de change constants et une marge opérationnelle des activités représentant environ 30% des ventes

En quelques semaines, le programme de développement du palovarotène d'Ipsen a subi de lourdes déconvenues. En décembre, le laboratoire pharmaceutique a dû procéder à la suspension clinique partielle pour raison de sécurité de deux études sur ce candidat-médicament dans le traitement de pathologies osseuses d'origine génétique.

Fin janvier, Ipsen s'est ensuite résolu à suspendre l'administration du traitement aux patients recrutés dans le cadre de l'étude globale de phase III destinée à évaluer l'efficacité et la sécurité du palovarotène chez les patients atteints de fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP). Les résultats de l'analyse de futilité ont indiqué que cet essai n'atteindrait probablement pas son critère d'évaluation principal. Pour tenir compte de cette déconvenue, Credit Suisse a réduit mardi de 12% en moyenne ses prévisions de bénéfice net par action pour les exercices 2022, 2023 et 2024.

L'abaissement des perspectives du groupe pour 2022 était attendu. Le mois dernier, Ipsen avait indiqué être "en train d'estimer l'impact financier de ces récents développements, notamment sur ses perspectives financières 2022" pour les mettre à jour lors de la publication de ses comptes 2019, intervenue jeudi.

A cette occasion, le groupe contrôlé par les héritiers d'Henri Beaufour a dévoilé des résultats globalement conformes aux attentes des analystes et à ses prévisions, voire supérieurs. L'an passé, Ipsen a vu son résultat opérationnel des activités progresser de 18,6%, à 782,6 millions d'euros, tandis que le chiffre d'affaires a augmenté de 14,8% à périmètre et taux de change constants, à 2,58 milliards d'euros. La marge opérationnelle des activités est ainsi ressortie à 30,4% en 2019, contre 29,7% en 2018.

Le résultat net consolidé des activités a atteint 563,4 millions d'euros en 2019, en hausse de 14,6%, par rapport au profit de 491,6 millions d'euros réalisé en 2018.

Le consensus des analystes interrogés par Factset tablait sur un chiffre d'affaires de 2,62 milliards d'euros, un résultat opérationnel des activités de 742 millions d'euros et un résultat net consolidé des activités de 497 millions d'euros. Pour l'ensemble de 2019, Ipsen s'attendait à une croissance des ventes supérieure à 14% à taux de change et périmètre constants et prévoyait une marge opérationnelle des activités d'environ 30%, incluant l'impact de l'acquisition de Clementia, mais hors investissements additionnels de croissance au sein du portefeuille de recherche et développement.

Figurant déjà parmi les plus fortes baisses du SBF 120 en 2019, après une chute de 30%, la valeur occupe les dernières places du palmarès de l'indice depuis le début de l'année, avec un recul de 11,5%. La déception est à la mesure des attentes élevées qui reposaient sur le palovarotène, produit phare de Clementia, société de biotechnologie rachetée par Ipsen l'an dernier pour un montant de 1,04 milliard de dollars. Ipsen espérait commencer à tirer profit de l'acquisition de Clementia dès 2021, anticipant une contribution significative sur les ventes et une marge élevée, à même d'améliorer la profitabilité du groupe.

Selon la plupart des analystes, l'action Ipsen va rester sous pression tant que le laboratoire n'aura pas nommé son prochain directeur général. Fin décembre, David Meek, qui occupait ce poste depuis 2016, a démissionné et quitté le conseil d'administration du groupe pour rejoindre la société FerGene.

Directeur financier et directeur général par intérim, Aymeric Le Chatelier avait indiqué le mois dernier lors d'un évènement organisé par la banque JPMorgan Cazenove que la recherche devrait durer cinq à six mois. "Ce délai est toujours valable", a indiqué jeudi le dirigeant à l'agence Agefi-Dow Jones.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

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