Paris (awp/afp) - Ipsen, troisième laboratoire pharmaceutique français, est tombé dans le rouge en 2019, en raison de la dépréciation massive du palovarotène, une molécule phare de sa stratégie, qui l'amène aussi à abaisser ses perspectives à l'horizon 2022

Dans la foulée de cette publication, Ipsen était lourdement sanctionné à la Bourse de Paris, où le titre cédait 5,6% à 66 euros en début d'échanges jeudi, dans un marché en repli de 0,26%.

Les revers connus par le palovarotène, une molécule destinée à traiter des maladies osseuses rares, acquise début 2018 en rachetant la biotech canadienne Clementia pour 1,3 milliard de dollars, ont pesé sur l'exercice, indique le groupe dans un communiqué.

Car les mauvaises nouvelles se sont enchaînées pour le palovarotène. Ipsen a d'abord dû suspendre une partie des essais cliniques en décembre 2019, avant d'annoncer la suspension de tous les essais le 24 janvier, jour d'une chute de plus de 23% de son action en Bourse.

Conséquence: sur le résultat opérationnel de 2019, le laboratoire enregistre une dépréciation de 669 millions. La perte nette s'est ainsi établie à quelque 50 millions d'euros (53 millions de francs suisses) l'an dernier.

Le palovarotène pèse également sur les perspectives à horizon 2022. Ipsen, qui tablait sur un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros ainsi qu'une marge opérationnelle de ses activités - qui mesure sa rentabilité - supérieure à 32% des ventes dans deux ans, a revu à la baisse ses ambitions. Il vise désormais des ventes à 2,8 milliards d'euros et une marge supérieure à 28%.

Toutefois, des données encourageantes existent pour cette molécule, affirme Aymeric Le Chatelier, directeur général par intérim du groupe, lors d'un entretien à l'AFP jeudi.

"Nous sommes en discussion avec les autorités réglementaires de manière à pouvoir envisager potentiellement le redémarrage de l'essai et peut-être demain le dépôt d'un dossier d'enregistrement", précise le dirigeant.

"Le chemin va être plus long, plus compliqué, on n'a pas une visibilité très importante. Mais on reste investis dans ce produit", explique-t-il.

Ventes solides

Malgré ce revers, en terme de ventes, Ipsen a connu une année solide, avec un chiffre d'affaires en hausse de presque 15% à taux de change constants, à 2,57 milliards d'euros, et une progression à deux chiffres dans toutes les régions.

Sa rentabilité a progressé à 30,4% des ventes contre 29,7% en 2018.

Pour 2020, le groupe vise une croissance des ventes supérieure à 6% à taux de change constants, ainsi qu'une marge opérationnelle des activités d'environ 30%.

2019 est "une année très paradoxale, avec d'un côté d'excellents résultats opérationnels, et d'un autre côté les conséquences des difficultés de notre acquisition avec le palovarotène", juge M. Le Chatelier.

La médecine de spécialité a continué à jouer son rôle de moteur (+17,2% à taux de change et périmètre constants) à 2,3 milliards d'euros.

Dans cette division, son médicament vedette Somatuline, indiqué contre les tumeurs neuroendrocrines, a généré à lui seul plus de 1 milliard d'euros (+18,3% sur un an), l'arrivée d'un premier générique sur ce marché ayant eu un impact très limité.

La plupart des médicaments de spécialité du groupe sont également en forte croissance, comme ses nouveaux anticancéreux Cabometyx (+63,5% à environ 242 millions d'euros) et Onivyde (+16,9% à près de 135 millions).

L'antispasmodique Dysport voit ses ventes atteindre plus de 388 millions d'euros, en hausse de plus de 10% d'une année sur l'autre, tirées notamment par la bonne performance aux États-Unis à la fois sur les marchés thérapeutique et esthétique.

A l'inverse, la division de santé familiale d'Ipsen reste à la peine (-1,2% à taux de change et périmètre constants) à environ 277 millions d'euros, affectée notamment par le ralentissement des ventes de Smecta.

Ipsen envisage par ailleurs de nouvelles acquisitions, a indiqué M. Le Chatelier.

"L'expérience Clementia nous amène à être encore plus disciplinés sur cette stratégie de croissance externe", qui passera par des acquisitions ou par des accords de licence, dit-il.

afp/jh