Washington (awp/afp) - Le premier laboratoire pharmaceutique à être jugé aux Etats-Unis pour la crise des opiacés, la filiale Janssen du tentaculaire conglomérat Johnson & Johnson, devrait connaître lundi le verdict de son procès, dans lequel l'Etat plaignant de l'Oklahoma a réclamé 17 milliards de dollars de dommages intérêts.

Le laboratoire a été accusé par l'Oklahoma d'avoir mené pendant des années une "campagne cynique et trompeuse de lavage de cerveaux à plusieurs millions de dollars" dans le but de créer une demande pour ses antidouleurs opiacés et les présenter comme des "médicaments magiques".

Le procès s'était ouvert en mai, et est le premier contre l'industrie pharmaceutique pour la crise nationale des opiacés, responsable de la majorité des 70.000 morts par overdoses en 2017 aux Etats-Unis.

J&J via sa division Janssen distribuait le patch Duragesic et les pilules Nucynta, qui ne sont pas les opiacés les plus connus du pays.

L'un des plus populaires au pic de la crise, l'Oxycontin, appartient au grand laboratoire Purdue, qui a choisi de régler les poursuites à l'amiable avec l'Oklahoma au lieu d'aller au procès, pour un montant de 270 millions de dollars. Le laboratoire israélien Teva a aussi négocié un règlement à 85 millions de dollars.

L'Etat de l'Oklahoma s'appuie sur une loi contre les "nuisances publiques" pour poursuivre Johnson & Johnson. La loi était auparavant principalement utilisée pour poursuivre des personnes et entreprises qui mettent en danger la sécurité publique.

La somme réclamée de 17 milliards de dollars, payable sur 30 années, servirait à dédommager l'Etat pour les coûts publics et sociaux de l'épidémie, notamment pour traiter la dépendance des habitants.

L'entreprise a dénoncé une "extension sans précédent" du périmètre de la loi invoquée et souligne que ses médicaments n'ont représenté qu'une partie infime du marché.

Le procès est comparé aux actions en justice contre les fabricants de tabac qui se sont soldées par un accord de plus de 200 milliards de dollars en 1998. Le verdict pourrait influencer l'avenir des près de 2.000 autres plaintes déposées contre les fabricants de médicaments opiacés par diverses juridictions aux Etats-Unis.

afp/jh