Le chiffre d’affaires du cimentier est resté stable au 1er trimestre par rapport à la même période de 2017, à 5,83 milliards de francs. Mais sur une base comparable, la progression se serait établie à 3,1%, la hausse des ventes de ciment compensant la légère contraction de la commercialisation de granulats et de béton prêt à l’emploi. L’Ebitda sous-jacent, c’est-à-dire l’excédent brut d’exploitation hors éléments non-récurrents, frais de réorganisation et de gestion des litiges, a reculé assez nettement de 808 à 700 millions de francs, soit -13,4% en données brutes et -7,7% sur une base comparable. La dégradation de la rentabilité s’explique par un hiver « exceptionnellement rigoureux » en Europe et en Amérique du Nord, indique l’entreprise dans son communiqué. La publication est un peu curieuse : le consensus AWP visait un chiffre d’affaires moindre (5,575 milliards de francs, 2,7% de croissance organique) mais un Ebitda de 731 ME.
 

Le net recul de la rentabilité en Europe au 1er trimestre a pénalisé la performance globale (source : présentation des résultats du T1 2018)

L’Europe et les Etats-Unis pour soutenir la tendance

Malgré ce début d’année poussif, le franco-suisse confirme ses objectifs 2018, soit une croissance de 3 à 5% du chiffre d’affaires et une augmentation plus que proportionnelle de l’Ebitda sous-jacent, d’au moins 5% sur base comparable. L’activité devrait en effet rester dynamique sous l’effet de tendances positives dans les deux Amériques, d’une demande « soutenue » en Inde et de marchés européens porteurs. En revanche, l’Asie du Sud-Est demeurera globalement difficile même si la demande y est en hausse, tandis que la région Afrique & Moyen-Orient continuera à souffrir. Pour autant, le déploiement de la stratégie 2022 suit son cours conformément à la planification, assure le management, qui inaugurera le 27 juillet prochain une nouvelle façon de présenter les comptes, lors de la publication des résultats semestriels. En outre, une journée investisseurs a été programmée pour le mois de novembre 2018, à une date qui reste à déterminer.

La saisonnalité atténue la contreperformance

A la Bourse de Paris, le titre affiche la plus forte baisse du CAC40 en séance, sur un repli de -2,5% à 45,73 euros. Les analystes ont tendance à relativiser le début d'exercice, notamment parce que la saisonnalité fait que l'Ebitda de la période ne représente qu'une faible contribution à la performance annuelle, 11% selon UBS. Pour autant, les bureaux d'études sont déçus car la publication n'est pas de nature à restaurer une confiance déjà fortement émoussée. La faible qualité des publications du cimentier apparaît clairement dans notre Market Screener, c'est même le principal critère fondamental négatif du dossier. Par ricochet, cette état de fait entraîne une tendance marquée à la révision en baisse des anticipations, un facteur qui ne pousse pas à la confiance des investisseurs et qui devrait mettre du temps à s'inverser... sauf si LafargeHolcim parvient à rectifier le tir au second trimestre en prouvant, par ses performances, que le premier trimestre fiscal était bien un incident de parcours provoqué par des éléments extérieurs et exceptionnels.