L’été n’aura pas été de tout repos pour les marchés pétroliers. Ces derniers peinent à emprunter une trajectoire lisible et demeurent grandement partagés entre les craintes d’une banalisation des politiques protectionnistes et les réapparitions ponctuelles de tensions géopolitiques. Fait symbolique mais riche de sens, le ministère chinois du Commerce a annoncé l’imposition de droits de douane sur le pétrole brut américain, barrières tarifaires qui entreront en vigueur le 23 août. Dans ce contexte, force est de constater que la morosité l’emporte, les cours du Brent perdant plus de 8% depuis le début du mois de juillet.

Du côté de l’offre mondiale, alors que l’incertitude demeure quant aux conséquences des sanctions US sur les exportations iraniennes, relevons que la tendance n’est clairement pas au fléchissement de la production mondiale. Au contraire, les pays membres de l’OPEP et leurs partenaires, dont la Russie, se sont mis d’accord fin juin pour augmenter leur production. Le cartel s’est ainsi doté d’une plus grande marge de manœuvre pour ouvrir ses vannes afin de compenser les perturbations du marché, notamment au Venezuela.

C’est notamment dans ce registre que la production russe flirte avec son record de l’ère post-soviétique, à près de 11,25 mbj. Il en est de même pour les Etats-Unis, dont l’extraction de pétrole de schiste ne faiblit pas. Celle-ci devrait à l’opposé continuer de croître selon les données de l’EIA, qui table sur une production de 7,52 mbj en septembre pour les sept grands bassins de schiste (pour une production pétrolière totale avoisinant les 10,9 mbj).

Concernant la demande, les tensions commerciales cristallisent les interrogations des observateurs. Si l’AIE maintient dans son dernier rapport ses prévisions selon lesquelles la demande d’or noir devrait s’accroitre de 1,5 mbj en 2019, l’OPEP et l’EIA revoient leurs prévisions à la baisse de respectivement 130.000 et 140.000 bpj.

Graphiquement, en données hebdomadaires, la résistance des 80 USD a entrainé des prises de bénéfices, actant un mouvement de consolidation au sein d’une tendance de fond haussière. Dans ce cadre, les acheteurs gardent encore la main et devront impérativement sauvegarder la ligne symbolique des 70 USD, sous peine de laisser aux vendeurs l’opportunité d’aller chercher les 67 USD dans un premier temps, avant de viser par extension la zone des 62 USD.