Les tensions géopolitiques qui avaient animé les marchés pétroliers depuis la mi-septembre se dissipent peu à peu, permettant au marché de respirer malgré des vents contraires sur le front des fondamentaux.

Il convient effectivement de relever l’accord conclu par Ryad avec les houthis, qui s’inscrit parfaitement dans la démarche du Royaume de trouver une solution politique au conflit yéménite. Par ailleurs, si la situation demeure particulièrement préoccupante en Irak, secoué par des manifestations violemment réprimandées, les combats perdent en intensité sur le front syrien suite à l’accord russo-turque pour découper le contrôle de la frontière turco-syrienne.

Pour autant, tout n’est pas si rose et les opérateurs pourraient désormais s’attarder plus attentivement sur la question de l’approvisionnement du marché. Le dernier rapport de l’OPEP est à ce titre particulièrement préoccupant, le cartel abaissant une nouvelle fois ses perspectives de croissance de la demande de pétrole. Ces prévisions sont amputées de 600.000 barils par jour, portant la demande mondiale à 103.9 millions de barils par jour (mbj) en 2023.

A contrario, l’offre demeure robuste en dépit des efforts réalisés par l’OPEP+ pour endiguer les excédents pétroliers. Le fautif n’est autre que la production américaine, qui a de nouveau dépassé les attentes cette année. L'OPEP s'attend à ce que l'offre américaine atteigne 16,9 mbj en 2024, contre 12,0 millions de mbj en 2019. La persistance des déséquilibres devrait ainsi amener le cartel à intensifier ses efforts, dont les effets sont jusqu’à présent mitigés, pour soutenir les cours mondiaux. En conséquence, la production de pétrole de l'OPEP devrait atteindre à 32,8 mbj par jour d'ici 2024 contre 35 mbj cette année.

Les principaux enjeux du marché se dessinent ainsi clairement. Il s’agira de s’interroger sur la pérennité du modèle américain, l’industrie des pétroles de schiste étant toujours montrée du doigt en raison de son manque de profitabilité. L’évolution de la demande mondiale demeure aussi une inconnue notable, ballonnée au gré des aléas économiques et des barrières aux échanges.

Graphiquement, en données hebdomadaires, la neutralité est de mise entre 58.25 et 64.6 USD. Sur les dernières semaines, les acheteurs se sont manifestés près de la borne inférieure et les vendeurs près de la borne supérieure de cette zone d’accumulation horizontale. On attendra ainsi une sortie en clôture pour prendre position dans un sens comme dans l’autre.