L’escalade des tensions touchant les pays du Golfe est surveillée de très près par les marchés pétroliers. Des menaces de guerre sont colportées alors que l’Arabie Saoudite et l’Iran se provoquent frontalement, de quoi susciter de nombreuses inquiétudes alors que la région fournit une part significative de l’offre mondiale. Ryad accuse Téhéran de soutenir l’attaque de ses installations pétrolières contournant le détroit d’Ormuz, principale voie d’exportation du brut de la région, que l’Iran menace de bloquer. Ces frictions montent désormais d’un cran après le sulfureux tweet de Trump, promettant « la fin officielle de l’Iran » en cas de conflit armé.

A ces tensions exacerbées se rajoutent diverses anticipations de marché sur la conduite adoptée par la large alliance OPEP+, qui doit décider le mois prochain de la poursuite ou non de sa politique de limitation volontaire de production. A ce titre, les principaux concernées laissent entendre que ces quotas de production pourraient être reconduits en raison d’une hausse du niveau des stocks mondiaux. Ainsi, malgré le déclin de la production vénézuélienne, victime de la situation socio-économique du pays, le recul important de l’activité iranienne, en proie aux sanctions américaines, et la flambée des cours pétroliers depuis le début de l’année, l’OPEP+ pourrait poursuivre ses efforts.

Par ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que la croissance de la production américaine suffira à compenser la perte de l’Iran et du Venezuela, expliquant certainement la retenue du cartel pétrolier dans sa volonté de « stabiliser les prix pétroliers ».

Convenons-en, bien que la poursuite des efforts de l’OPEP+ soit perçue comme un signal haussier par le marché, le manque de résultats cristallisé par une hausse des stocks mondiaux révèle une tout autre situation, beaucoup plus alarmiste. Les contraintes pesantes sur l’offre citées précédemment permettent certes de soutenir les prix pétroliers, mais ne s’accompagnent guère d’un rééquilibrage du marché. Il y a donc un problème structurel quelque part, soit la demande est plus faible que prévue, soit l’essor des schistes américain emporte tout sur son passage et compense la politique du cartel. Une chose est certaine, la hausse couplée des stocks et des prix pétroliers n’est pas durable.

Techniquement, en données hebdomadaires, l’hésitation des opérateurs demeure palpable comme l’atteste la présence de nombreuses mèches sur les dernières semaines. Un mouvement de latéralisation prend ainsi forme entre 70 et 75 USD. Celle s’inscrit au sein d’une tendance de fond qui demeure haussière. Seul un retour en clôture hebdomadaire sous 70 USD constituerait une alerte baissière et impliquerait une correction jusqu’à 67.3 USD puis 63 USD.