Londres (awp/afp) - La Bourse de Londres a rejeté l'offre de rachat de sa rivale de Hong Kong, deux jours après l'annonce de cette proposition à 32 milliards de livres, soulignant des "problèmes fondamentaux" et répétant son intention de fusionner avec Refinitiv.

"Le conseil d'administration voit des problèmes fondamentaux sur certains aspects clés de cette proposition conditionnelle: la stratégie, faisabilité (...) et valorisation. Par conséquent, il (la) rejette à l'unanimité et (...) ne voit aucun mérite dans la poursuite" de discussions, explique le London Stock Exchange (LSE) dans un communiqué.

Le LSE a de nouveau répété qu'il restait "engagé" dans son projet de rachat de Refinitiv, fournisseur de données financières, pour 27 milliards de dollars, et qu'il continue à faire de bons progrès.

"L'obtention des autorisations réglementaires est en cours et une circulaire devrait être envoyée aux actionnaires du LSE en novembre pour leur demander de valider la transaction", qui devrait comme prévu "être finalisée au deuxième semestre 2020", conclut le LSE.

Le Hong Kong Exchanges and Clearing (HKEX) n'avait d'ailleurs pas caché qu'il cherchait à faire dérailler cette fusion et avait conditionné son offre à l'abandon des discussions avec Refinitiv.

Le HKEX avait mis en avant qu'un rapprochement créerait un groupe avec "une assise mondiale, des actifs diversifiés, idéalement positionné pour profiter de l'évolution du paysage macroéconomique" et créer une liaison entre marchés de l'est et de l'ouest.

En vain. Le rachat d'un fleuron britannique comme la Bourse de Londres, outre la fusion en cours avec Refinitiv, se serait heurtée à de nombreux obstacles politiques, réglementaires et stratégiques.

Le LSE a déjà été échaudé à l'idée de se lancer dans des projets de fusion avec d'autres grandes places boursières après l'échec de ses fiançailles avec l'allemand Deutsche Börse, bloquées par les régulateurs européens en 2017.

Symbole de la City

En outre, voir ce symbole de la puissante City de Londres passer sous pavillon de Hong Kong aurait fait grincer beaucoup de dents du côté politique.

"Le London Stock Exchange a une place cruciale dans le système financier" du Royaume-Uni, avait ainsi fait valoir jeudi un porte-parole du gouvernement britannique.

Sans compter qu'un rapprochement avec la Bourse de Hong Kong au moment où l'ex-colonie britannique est secouée par une vague de contestation aurait pu être vue d'un mauvais oeil.

"En ce moment Hong Kong ne dit pas exactement qu'il est ouvert aux affaires internationales, et cela semble avoir effrayé le LSE", estime David Madden, analyste de CMC Markets, interrogé par l'AFP.

Dans une lettre adressée aux dirigeants du HKEX, le président du LSE Don Robert fustige leur décision de dévoiler au grand public leur offre seulement deux jours après la leur avoir soumise.

A nouveau, il insiste sur les avantages pour le LSE d'un mariage avec Refinitiv, qui donnera lieu à un groupe mondial et dont "la logique financière et stratégique a été exceptionnellement bien reçue": depuis l'annonce du projet, "l'action de LSE a pris 29%".

L'action du LSE gagnait 2% à 7.400 pence après l'annonce du rejet de l'offre de Hong Kong, ce qui pour Neil Wilson, analyste de Markets.com, suggère que l'offensive surprise du HKEX pourrait avoir suscité de nouveaux intérêts pour le LSE, notamment côté américain, et que ce serait en ce cas une question de prix.

Pour lui, le manque d'espèces sonnantes et trébuchantes était en effet l'un des problèmes de l'offre de Hong Kong, qui proposait une combinaison de cash et d'actions nouvelles.

afp/rp