Hong Kong (awp/afp) - La Bourse de Hong Kong (HKEX) a annoncé mardi qu'elle renonçait à sa tentative audacieuse de rachat du London Stock Exchange (LSE), que la place londonienne avait rejetée mi-septembre.

Dans un communiqué, le Hong Kong Exchanges and Clearing (HKEX) s'est dit mardi "déçu" de devoir retirer sa proposition, mais estimé que c'était dans l'intérêt de ses actionnaires.

"Le HKEX confirme qu'il n'a pas l'intention de faire une offre" pour acquérir le LSE, peut-on lire dans le communiqué, alors que le groupe avait jusqu'au 9 octobre pour dévoiler ses intentions.

Le LSE n'avait pas réagi dans l'immédiat mardi matin à la décision de la Bourse de Hong Kong de renoncer à toute offre.

La Bourse de Hong Kong avait dévoilé le 11 septembre une proposition de rachat de sa rivale de Londres pour près de 32 milliards de livres dette comprise (environ 36 milliards d'euros), en cash et nouvelles actions.

La Bourse de Londres avait rapidement opposé une fin de non-recevoir, faisant état de "problèmes fondamentaux" dans l'offre et rappelant qu'elle était déjà engagée dans l'acquisition de Refinitiv, société de technologies de marchés nord-américaine.

"Le conseil d'administration du HKEX continue de penser qu'une combinaison du LSEG et du HKEX est stratégiquement impérieuse et créerait un leader mondial", a ajouté la Bourse de Hong Kong, qui a choisi toutefois de ne pas lancer d'offre hostile.

"En dépit des contacts noués avec un grand nombre de régulateurs et avec les actionnaires, le conseil d'administration de HKEX est déçu de ne pas avoir été capable de convaincre la direction du LSEG du bien-fondé de la réalisation de cette vision".

Crise politique

Le directeur général de la Bourse de Hong Kong, Charles Li, a estimé que son groupe devait désormais regarder devant lui.

"Je suis certain que si nous essayons quelque chose et que cela ne marche pas, nous sommes assez forts et diversifiés pour nous relever et aller de l'avant", a-t-il commenté.

Outre le prix proposé par HKEX, jugé trop faible, les actionnaires de la Bourse de Londres sont dans l'ensemble favorables à l'acquisition de Refinitiv, une opération bien avancée, que la proposition de Hong Kong impliquait d'abandonner.

Le rachat du nord-américain Refinitiv, pour une valeur de 27 milliards de dollars, doit permettre au LSE d'effectuer un virage majeur et devenir un géant des données, capable de rivaliser avec Bloomberg. Une alliance avec la Bourse de Hong Kong l'aurait contraint à revenir en arrière et à mettre l'accent au contraire sur son coeur de métier, à savoir les marchés.

Le lien entre la Bourse de Hong Kong et le gouvernement local, qui est aligné sur Pékin, était une autre difficulté, notamment dans le contexte de la crise politique sans précédent qui secoue l'ancienne colonie britannique, avec quatre mois de manifestations quasi quotidiennes.

"La proposition était mal embarquée dès le départ", remarque Fiona Cincotta, analyste chez City Index, interrogée par la BBC, rappelant que "le gouvernement de Hong Kong est le plus grand actionnaire de la Bourse de Hong Kong".

Enfin, cette opération se serait également heurtée à des régulateurs sourcilleux, puisque la fusion aurait uni deux des places financières les plus puissantes au monde.

Le LSE garde en outre le souvenir amer de l'échec retentissant de sa tentative de fusion avec le groupe boursier allemand Deutsche Börse, bloquée par les régulateurs européens en 2017.

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